Crise alimentaire Le chef de l'ONU appelle Moscou à libérer les céréales ukrainiennes

ATS

18.5.2022 - 22:27

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mercredi la Russie à libérer les exportations de céréales ukrainiennes, et l'Occident à ouvrir l'accès des engrais russes aux marchés mondiaux. Cela afin de pouvoir lutter efficacement contre la crise alimentaire mondiale.

Selon Antonio Guterres, «en seulement deux ans, le nombre de personnes souffrant d'insécurité alimentaire grave a doublé, passant de 135 millions avant la pandémie à 276 millions aujourd'hui». (archives)
Selon Antonio Guterres, «en seulement deux ans, le nombre de personnes souffrant d'insécurité alimentaire grave a doublé, passant de 135 millions avant la pandémie à 276 millions aujourd'hui». (archives)
KEYSTONE

«La Russie doit permettre l'exportation sûre et sécurisée des céréales stockées dans les ports ukrainiens», a-t-il dit lors d'une réunion ministérielle organisée à New York par les Etats-Unis.

«Des voies de transport alternatives» à la sortie maritime de ces céréales, remplissant notamment des silos à Odessa, «peuvent être explorées – même si nous savons que cela ne suffira pas à résoudre le problème», a-t-il ajouté.

Dans le même temps, «la nourriture et les engrais russes doivent avoir un accès complet et sans restriction aux marchés mondiaux», a réclamé le chef de l'ONU.

Ces engrais ne sont pas soumis aux sanctions occidentales décidées contre Moscou après l'invasion le 24 février de l'Ukraine, mais la Russie a décidé d'arrêter leur exportation. Leur achat par des pays étrangers peut par ailleurs être bloqué par les mesures prises contre le système financier russe, selon des diplomates.

«Bon espoir»

Antonio Guterres négocie sur ces deux sujets depuis plusieurs semaines avec la Russie, l'Ukraine, les Etats-Unis, l'Union européenne et la Turquie, qui peut apporter son concours au déminage près des ports ukrainiens et garantir les déplacements de navires.

«J'ai bon espoir, mais il reste encore du chemin à parcourir. Les implications sécuritaires, économiques et financières complexes exigent de la bonne volonté de toutes les parties», a-t-il déclaré, refusant d'en dire plus pour ne pas compromettre les chances d'un accord.

Réintégrer les marchés mondiaux

Selon lui, «il n'y a pas de solution efficace à la crise alimentaire sans réintégrer dans les marchés mondiaux, malgré la guerre, la production alimentaire de l'Ukraine, ainsi que la nourriture et les engrais produits par la Russie et le Bélarus».

En ouverture de la réunion, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, dénonçant une nouvelle fois l'invasion russe de l'Ukraine, a précisé que «22 millions de tonnes» de grains se trouvaient dans des silos de l'Ukraine, ne demandant qu'à être exportés.

Les Etats-Unis ont décidé de débloquer «215 millions de dollars supplémentaires» pour la lutte contre l'insécurité alimentaire, a-t-il précisé.

«Si vous avez un coeur»

Mettant en garde contre le «spectre de pénuries alimentaires mondiales dans les mois à venir», Antonio Guterres a estimé que la guerre en Ukraine avait amplifié et accéléré les facteurs contribuant à la crise alimentaire mondiale: changements climatiques, pandémie de Covid-19 et inégalités croissantes entre pays riches et pauvres.

«Si vous avez un coeur, ouvrez ces ports d'Ukraine (...) pour nourrir les pauvres», a imploré le chef du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasley, en s'adressant à la Russie, non invitée à participer à la réunion.

Parmi les autres intervenants, le Sénégal a appelé à «libérer les stocks de céréales dans le monde» tandis que l'Allemagne, présidente en exercice du G7, accusait la Russie d'avoir «déclenché une guerre des céréales».

Selon Antonio Guterres, «en seulement deux ans, le nombre de personnes souffrant d'insécurité alimentaire grave a doublé, passant de 135 millions avant la pandémie à 276 millions aujourd'hui».