Les mouvements suprémacistes blancs et néonazis deviennent une menace internationale, selon le chef de l'ONU. En ouvrant lundi le Conseil des droits de l'homme, Antonio Guterres a demandé une action mondiale contre eux. Et répété son injonction aux militaires birmans.
Moins de deux mois après l'assaut sur le Capitole aux Etats-Unis, le secrétaire général de l'ONU a accusé les mouvements extrémistes blancs et néonazis d'utiliser la pandémie et les divisions sociales et politiques pour s'élargir. Ceux-ci constituent «la plus grande menace pour la sécurité intérieure de plusieurs pays», a-t-il dit, sans nommer aucun de ces Etats. «Bien trop souvent, ces groupes haineux sont encouragés par des personnes occupant des postes à responsabilités», a-t-il ajouté.
Là aussi, il n'a mentionné personne, notamment pas l'ancien président américain Donald Trump, accusé d'avoir attisé les violences récentes dans son pays. Et M. Guterres de cibler collectes de dons, discussions en ligne et collaboration entre ces mouvements. «Ce n'est que par une action concertée à l'échelle mondiale que nous pourrons mettre fin à cette menace» qui s'étend «de jour en jour», ajoute-t-il encore.
Le racisme systémique doit à nouveau être discuté au Conseil qui est réuni pour un mois et s'annonce plus polarisé que jamais. Outre le réengagement américain comme observateur, la Chine, la Russie, la France et la Grande-Bretagne font de leur côté leur retour parmi les membres de l'instance. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken doit notamment s'exprimer mercredi matin devant le Conseil.
Dans son discours, M. Guterres a répété, comme il l'a fait à plusieurs reprises ces dernières semaines, ses injonctions aux militaires birmans de ne pas recourir à la violence. Il a demandé aux responsables du coup d'Etat «d'arrêter immédiatement la répression» et de libérer les détenus.
Demande lancée par Bachelet
Il y a quelques jours, le Conseil des droits de l'homme avait «déploré» la situation en Birmanie au terme d'une session spéciale et demandé de relâcher notamment la cheffe du gouvernement déchu Aung San Suu Kyi et le président Win Myint. Ce pays sera encore abordé par l'instance dans les prochaines semaines.
Dans son discours, M. Guterres a encore appelé à mettre les droits de l'homme au centre des réglementations et des législations sur les technologies numériques. Il a relevé que la pandémie a augmenté l'inquiétude sur les plateformes numériques et «l'utilisation abusive des données» des citoyens, y compris par les gouvernements.
Le secrétaire général de l'ONU a également répété ses alertes contre les inégalités grandissantes et les discriminations des femmes et des minorités qui augmentent avec le coronavirus. Il a à nouveau appelé à collaborer sur les vaccins contre la pandémie.
Plus largement, la Haute commissaire aux droits de l'homme, qui doit dévoiler jeudi après-midi devant le Conseil les situations qui l'inquiètent, a à nouveau dénoncé l'utilisation de la crise actuelle par les Etats pour restreindre les libertés. «Le recours à la force ne mettra pas un terme à cette pandémie», a affirmé Michelle Bachelet. Côté suisse, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a alerté sur les effets du coronavirus sur les efforts pour le développement durable.
Outre la Birmanie, parmi les situations qui seront abordées, le Sri Lanka devrait donner lieu à des discussions importantes. Après un rapport accablant de Mme Bachelet sur les obstacles à la lutte contre l'impunité dont fait preuve le nouveau gouvernement, les appels à une surveillance «plus robuste» de ce pays se sont multipliés.
Division sur le format
Mais pas certain que le Conseil approuve un mécanisme international plus solide. Il faut s'attendre à un vote difficile quel que soit le contenu de la résolution, selon des sources concordantes.
Le président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa a promis que les militaires qui avaient lutté contre les rebelles ne seraient pas poursuivis. Il a nommé des dizaines de responsables clés de l'armée à des fonctions importantes. La guerre civile, qui s'est terminée il y a plus de dix ans, a fait plus au moins plus de 100'000 victimes.
De son côté, le format en ligne du Conseil ne satisfait pas tous les membres. Pour la première fois, les votes auront lieu avec une plateforme numérique. L'ONU oeuvre à ce dispositif.
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