Proche-Orient Le chef de l'UNRWA espère que Berne suive ceux qui relancent l'aide

sn, ats

26.3.2024 - 13:04

Le chef de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) Philippe Lazzarini espère que la Suisse suivra l'UE et les Etats qui ont repris leur soutien. Le financement est garanti jusqu'à fin mai, a-t-il dit mardi après une audition devant des parlementaires.

Le commissaire général de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) devra attendre fin avril avant de savoir si celle-ci peut repartir avec le financement suisse dans ses valises.
Le commissaire général de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) devra attendre fin avril avant de savoir si celle-ci peut repartir avec le financement suisse dans ses valises.
ATS

Keystone-SDA, sn, ats

«Ce qui est important, c'est que la Suisse continue d'être le partenaire qu'elle a été jusqu'à maintenant», a dit le Neuchâtelois à la presse suisse en sortant d'une heure de discussion à Genève avec la commission de politique extérieure du Conseil national (CPE-N). «C'est un partenariat de plusieurs décennies».

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) n'a pas encore payé sa contribution annuelle de 20 millions de francs, après les accusations selon lesquelles 12 employés de l'agence onusienne auraient été associés au massacre du 7 octobre. Il attend les consultations avec les commissions parlementaires, puis le rapport final sur la revue de la gouvernance de l'UNRWA, prévu pour le 20 avril.

Une investigation a aussi été lancée sur les accusations contre les employés qui seraient membres du Hamas et devrait également décider d'une relance ou non des paiements suisses. Le commissaire général de l'UNRWA a expliqué ces dispositifs aux membres de la CPE-N.

Plusieurs parlementaires disent attendre les résultats. La CPE-N n'a d'ailleurs pas prévu de vote, ni de recommandation après son audition de mardi. Depuis un compromis en décembre dernier après un premier assaut parlementaire contre l'UNRWA, les organisations humanitaires au Proche-Orient ne peuvent elles être soutenues qu'après une consultation des commissions de politique extérieure du Conseil national et du Conseil des Etats. Plusieurs ONG ont demandé à la Suisse de donner son financement dès avril.

Aucune aide américaine pendant un an au moins

«Nous n'avons pas beaucoup plus» sur les accusations israéliennes, déplore M. Lazzarini. Il dit avoir expliqué aussi aux parlementaires les «raisons de certaines campagnes de dénigrement» actuelles contre son agence, «qui ne sont pas forcément liées à la présence à Gaza». Et il a rappelé que certaines activités de l'UNRWA, parce qu'elles mettent en avant les droits humains, sont vues par le Hamas comme une «menace».

Selon le commissaire général, «la situation aujourd'hui est moins dramatique» qu'il y a un mois pour l'agence. «Mais on fonctionne toujours d'un mois à l'autre» et «nous avons un financement jusqu'à la fin du mois de mai», dit-il. Les salaires des dizaines de milliers de collaborateurs pourront être payés en mars et en avril.

La Commission européenne a débloqué son assistance, tout comme les pays nordiques, le Canada ou l'Australie. Des pays européens ont même augmenté leur contribution face aux difficultés de l'agence. Des Etats du Golfe soutiennent également l'UNRWA.

Problème, le principal donateur, les Etats-Unis, ont eux gelé toute aide jusqu'en mars 2025. Tout en appelant les autres à faire des efforts pour permettre à l'agence onusienne de poursuivre ses activités. «On va devoir mobiliser encore plus de pays» pour compenser cette perte qui fait peser une menace «existentielle» sur l'UNRWA, admet le Neuchâtelois.

Assistance de l'UNRWA en partie restreinte

M. Lazzarini s'est vu refuser il y a quelques jours l'accès à la bande de Gaza, sans recevoir d'explications de l'Etat hébreu. Et Israël n'autorise désormais plus à l'UNRWA de distribuer une assistance dans le nord du territoire. «Nous verrons avec nos partenaires sur place» comme d'adapter à cette situation, alors que des dizaines de milliers de personnes ont encore besoin d'assistance dans cette partie de la bande de Gaza.

Après la décision du Conseil de sécurité de l'ONU lundi qui a demandé un «cessez-le-feu immédiat», il souhaite que celui-ci soit appliqué. «On le doit à la population de Gaza», a-t-il ajouté, notamment pour que davantage d'aide puisse entrer. Là encore un décalage avec Israël qui accuse l'ONU de ne pas être capable de distribuer le volume, important selon elle, que l'Etat hébreu laisse passer.

Alors que l'ONU a affirmé la semaine dernière qu'une famine est imminente, plusieurs personnes sont déjà décédées en raison du manque de nourriture. L'assistance est «totalement insuffisante par rapport à l'immensité des besoins», selon M. Lazzarini. Plus de la moitié de la population est en insuffisance alimentaire.