Congo Le Congo-Brazzaville a importé 500 tonnes d'armes d'Azerbaïdjan depuis 2015

ATS

26.2.2021 - 11:47

Les opposants pensent "que Denis Sassou Nguesso se prépare à utiliser la force si nécessaire pour se maintenir au pouvoir à l'approche des élections du 21 mars".
Les opposants pensent "que Denis Sassou Nguesso se prépare à utiliser la force si nécessaire pour se maintenir au pouvoir à l'approche des élections du 21 mars".
ATS

Le Congo-Brazzaville a importé en toute discrétion quelque 500 tonnes d'armes d'Azerbaïdjan, révèle une enquête publiée avant l'élection du 21 mars. Le président de ce pays centre-africain Denis Sassou Nguesso, 77 ans dont 36 au pouvoir, sollicite un nouveau mandat.

Au total l'Azerbaïdjan a livré des armes à au moins 17 reprises depuis 2015 au Congo-Brazzaville, indique l'étude de l'OCCRP (Organized crime and corruption project), qui se présente comme «un groupement de journalistes d'enquête fondé en 2006».

La dernière livraison daterait de janvier 2020: «Plus de 100 tonnes d'armement ont été envoyés depuis l'Azerbaïdjan à la garde républicaine du Congo-Brazzaville, dont 775 obus de mortier, et 400 caisses de roquettes».

Pour se maintenir au pouvoir?

Ce dernier transfert d'armes «a suscité l'inquiétude chez les opposants», qui pensent «que Sassou Nguesso se prépare à utiliser la force si nécessaire pour se maintenir au pouvoir à l'approche des élections du 21 mars».

«L'Arabie saoudite a été répertoriée parmi les 'parrains' (de ces exportations) à au moins deux reprises en 2016 et 2017, à peu près au même moment où l'admission du Congo-Brazzaville à l'OPEP était en négociation».

Pays d'Afrique centrale producteur de pétrole d'environ cinq millions d'habitants, le Congo-Brazzaville est dirigé depuis 1979 par l'ancien officier Denis Sassou Nguesso, à l'exception d'une parenthèse de cinq ans (1992-97).

Rébellion réprimée en 2016

Lors de la dernière présidentielle en 2016, la réélection contestée de M. Sassou Nguesso avait provoqué une rébellion dans la région du Pool au sud de Brazzaville, fief de l'opposition.

La riposte militaire du régime et la poursuite à huis-clos des rebelles avaient provoqué quelque 140'000 déplacés internes, jusqu'à un cessez-le-feu annoncé par les autorités en décembre 2017 avec les rebelles du pasteur Ntumi.

«Des figures de l'opposition affirment que des livraisons d'armes en provenance d'Azerbaïdjan ont été utilisées pour alimenter la brutale offensive post-électorale de 2016, qui a conduit à une crise humanitaire», d'après l'étude du consortium de journalistes d'investigation OCCRP.

Discrétion totale

Ces livraisons d'armes ont été faites en toute discrétion. Le Congo-Brazzaville «n'a fait état d'aucune livraison d'armes depuis trois décennies», selon l'enquête. Le pays n'est pas sous le coup d'un embargo, et n'a donc pas l'obligation de déclarer ses importations d'armes.

L'OCCRP affirme avoir obtenu des «plans de vol» et des «inventaires d'armes» pour documenter son enquête. Les autorités de Brazzaville n'ont pas répondu aux questions du rapport tout comme celles de Bakou sollicitées par l'AFP. L'ambassade du Congo en France n'était pas non plus joignable vendredi matin.

A un mois de l'élection, l'ambiance à Brazzaville est moins tendue qu'en 2016. Il y a cinq ans, le scrutin avait été précédé d'une réforme très contestée de la Constitution permettant au président Sassou Nguesso de se représenter.

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