Objectif lune Le décollage de la méga-fusée annulé au dernier moment

ATS

3.9.2022 - 22:33

Le décollage de la nouvelle méga-fusée de la Nasa vers la Lune a de nouveau été annulé samedi au dernier moment. La Nasa ne retentera pas de la lancer dans les jours qui viennent, a déclaré un responsable de la Nasa, sans annoncer de nouvelle date pour le moment.

La fusée SLS de la Nasa le 26 août 2022 au centre spatial Kennedy en Floride avant son décollage pour la mission Artémis 1 de la Nasa vers la Lune.
La fusée SLS de la Nasa le 26 août 2022 au centre spatial Kennedy en Floride avant son décollage pour la mission Artémis 1 de la Nasa vers la Lune.
Keystone

Cinquante ans après la dernière mission Apollo, ce nouveau programme phare doit permettre d'établir une présence humaine durable sur la Lune, permettant ensuite de s'en servir comme tremplin vers Mars.

Le lancement était initialement prévu à 14h17 heure locale (20h17 suisses), avec une fenêtre de tir de deux heures, depuis le centre spatial Kennedy, en Floride.

Fuite de carburant

Mais les équipes de la Nasa ont échoué à résoudre un problème de fuite de carburant, qui s'est déclenché au moment des opérations de remplissage des réservoirs de la fusée. Peu après 11h00, la directrice de lancement, Charlie Blackwell-Thompson, a pris la décision d'annuler.

«L'annulation est absolument la bonne décision», a réagi auprès de journalistes l'astronaute Victor Glover, présent sur place. Avec ces tests à répétition, qui permettent de mieux comprendre ce nouveau véhicule, «la confiance des gens devrait augmenter, pas baisser», a-t-il soutenu. Il s'agit du deuxième report en moins d'une semaine.

Hydrogène inflammable

Initialement, une tentative lundi ou mardi avait été évoquée mais la période de lancement qui se termine mardi «n'est plus sur la table», a déclaré lors d'une conférence de presse Jim Free, administrateur associé à la Nasa.

Elle avait préalablement indiqué qu'après mardi, la fusée devrait quoiqu'il arrive retourner dans son bâtiment d'assemblage, afin de subir des tests devant être réalisés périodiquement. Une opération chronophage.

La fusée orange et blanche SLS, qui aurait dû connaître son baptême de l'air samedi, est en développement depuis plus d'une décennie, pour devenir la plus puissante du monde.

Peu avant 06h00 heure locale, le feu vert avait été donné pour commencer le remplissage des réservoirs de la fusée avec son carburant cryogénique – hydrogène et oxygène liquides ultra-froids.

Mais vers 07h15, une fuite a été détectée au pied de la fusée, au niveau du tuyau par lequel passe l'hydrogène liquide, hautement inflammable, jusqu'au réservoir. Malgré plusieurs tentatives, elle n'a pas pu être réparée.

Lundi, lors d'une première tentative, le lancement avait également été annulé au dernier moment à cause de problèmes techniques, dont une fuite similaire qui avait elle pu être surmontée.

Six semaines dans l'espace

Artémis 1 doit permettre de vérifier que la capsule Orion, au sommet de la fusée, est sûre pour transporter à l'avenir des astronautes.

Grâce à ce nouveau vaisseau, l'agence spatiale américaine entend renouer avec l'exploration humaine lointaine, la Lune étant 1000 fois plus éloignée que la Station spatiale internationale.

Le voyage doit durer environ six semaines au total. Orion s'aventurera jusqu'à 64'000 kilomètres derrière la Lune, soit plus loin que tout autre vaisseau habitable jusqu'ici.

L'objectif principal d'Artémis 1 est de tester le bouclier thermique de la capsule, le plus grand jamais construit. A son retour dans l'atmosphère terrestre, il devra supporter une vitesse de 40'000 km/h et une température moitié aussi chaude que celle de la surface du Soleil.

Au total, le vaisseau doit parcourir quelque 2,1 millions de kilomètres jusqu'à son amerrissage dans l'océan Pacifique.

Alunissage en 2025

Le succès complet de la mission serait un soulagement pour la Nasa, qui tablait à l'origine sur un premier lancement en 2017 pour SLS, et aura investi d'ici fin 2025 plus de 90 milliards de dollars dans son nouveau programme lunaire, selon un audit public.

Le nom Artémis a été choisi d'après une figure féminine, la soeur jumelle du dieu grec Apollon – en écho au programme Apollo, qui n'a envoyé sur la surface lunaire que des hommes blancs, entre 1969 et 1972.

Cette fois, la Nasa souhaite permettre à la première personne de couleur et la première femme de marcher sur la Lune.

La prochaine mission, Artémis 2, emportera en 2024 des astronautes jusqu'à la Lune, sans y atterrir. Cet honneur sera réservé à l'équipage d'Artémis 3, en 2025 au plus tôt. La Nasa souhaite ensuite lancer environ une mission par an.

Il s'agira alors de construire une station spatiale en orbite lunaire, baptisée Gateway, et une base sur la surface de la Lune.

Là, la Nasa veut tester les technologies nécessaires à l'envoi de premiers humains pour un aller-retour vers Mars. Un tel voyage, qui durerait plusieurs années, pourrait être tenté vers la fin de la décennie 2030.

ATS