Allemagne Le dirigeant de Thuringe jette l'éponge

ATS

8.2.2020 - 17:16

Face au scandale, Thomas Kemmerich a annoncé sa démission avec effet immédiat (archives).
Face au scandale, Thomas Kemmerich a annoncé sa démission avec effet immédiat (archives).
Source: KEYSTONE/dpa-Zentralbild/Bodo Schackow

Le ministre-président du Land allemand de Thuringe, tout juste désigné cette semaine à la suite d'une alliance très controversée avec l'extrême droite, a annoncé samedi sa démission face au scandale. Son départ est immédiat.

Thomas Kemmerich, élu du petit parti libéral FDP, avait été élu grâce aux voix coalisées de son mouvement, de l'extrême droite allemande et du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel.

Il avait déjà annoncé précédemment, au vu de la controverse, qu'il quitterait à terme ses fonctions, mais tout en refusant de donner une date ferme sur son départ et en signifiant vouloir rester le temps de trouver une solution alternative.

Cette situation peu claire a suscité des critiques croissantes. Selon des médias allemands, le parti social-démocrate (SPD), partenaire des conservateurs d'Angela Merkel au sein de la coalition gouvernementale à Berlin, avait fait d'une démission immédiate du dirigeant de Thuringe une condition de leur maintien au gouvernement.

Les principaux dirigeants de cette coalition se sont rencontrés samedi après-midi à Berlin à la suite du séisme politique de Thuringe. Une réunion demandée par le SPD afin d'obtenir une «clarification» du positionnement des démocrates-chrétiens de la chancelière par rapport à l'extrême droite.

De nouvelles élections demandées

A l'issue de l'entrevue, les partenaires de la coalition ont demandé de nouvelles élections «rapidement» en Thuringe et refusé fermement toute alliance avec le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD).

«Nous excluons la formation de gouvernements ou de majorités politiques avec les voix de l'AfD, cela reste la position des partis qui composent la coalition et ce à tous les niveaux», à savoir fédéral comme régional ou local, indique un communiqué commun du parti démocrate chrétien CDU de la chancelière, de son parti-frère bavarois CSU et du SPD.

Les trois mouvements ont qualifié d'«acte impardonnable» l'élection mercredi du président de région en Thuringe avec les voix de la droite modérée et de la droite radicale, reprenant des termes employés jeudi par Angela Merkel déjà.

Un secrétaire d'État congédié

Peu auparavant, Angela Merkel avait congédié un membre de son gouvernement et de son propre parti conservateur, qui s'était félicité dans un message sur Twitter de l'élection très controversée de M. Kemmerich. «La chancelière a proposé aujourd'hui au président fédéral le renvoi du secrétaire d'Etat Christian Hirte», a indiqué dans un communiqué laconique le porte-parole de Mme Merkel.

M. Hirte était jusqu'ici secrétaire d'Etat au ministère de l'économie et de l'énergie et à ce titre également commissaire du gouvernement aux Etats régionaux de l'est de l'Allemagne, chargé de coordonner la politique fédérale pour soutenir ces territoires toujours en retard économiquement sur l'ouest du pays.

Le vote de Thuringe a créé un séisme dans le pays, car il a brisé un tabou politique dans l'histoire allemande d'après-guerre: le refus de la droite modérée de toute alliance avec l'extrême droite. Les élus de Thuringe se sont affranchis de cette consigne, un acte jugé «impardonnable» par Mme Merkel.

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