En 2014 au Donbass «Le feu couvait sous la braise» en Ukraine, selon un ex-observateur

ats

14.3.2022 - 06:09

Christophe Beney, un ancien observateur suisse de l'OSCE dans le Donbass, est frappé par le niveau de violence en Ukraine. «Nous pensions bien que le feu couvait sous la braise et que les hostilités pouvaient repartir à tout moment», mais pas avec cette ampleur.

Les observateurs de l'OSCE étaient déployés des deux côtés de la ligne de front dans le Donbass (archives).
Les observateurs de l'OSCE étaient déployés des deux côtés de la ligne de front dans le Donbass (archives).
ATS

Keystone-SDA, ats

«Sur le terrain, on sentait une inimitié larvée entre les deux camps et l'absence de compromis sur les questions essentielles», explique dans un entretien diffusé lundi par Le Nouvelliste l'ancien chef d'équipe de mission entre 2015 et 2016 pour le compte de la mission d'observation de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), lancée par le conseiller fédéral de l'époque, Didier Burkhalter.

Si le conflit de 2014 était concentré dans le Donbass, il avait déjà été «très intense», relève M. Beney. Les combats avaient fait plus de 13'000 morts, dont 3350 civils, et 1,5 million de déplacés, et avaient provoqué d'énormes dégâts près de la ligne de front, note-t-il, citant l'ONU. «Des villages ont été ravagés, voire complètement rayés de la carte».

Motif de guerre «absurde»

Il estime que les positions pro-ukrainiennes ou pro-russes ne suivent pas une division géographique claire, «même si les sympathies pro-russes sont plus clairement marquées à l'est. Des deux côtés de la ligne de front dans le Donbass [...] il y a des sympathies pour les deux camps».

L'ancien chef de mission de l'OSCE juge «absurde» la justification de l'opération militaire par Moscou, qui parle de «dénazification» de l'Ukraine. Il reconnaît avoir côtoyé des milices d'extrême droite, qui s'étaient formées en 2014 au sud et à l'est du pays pour défendre le territoire ukrainien.

Mais «cette présence ne s'est pas traduite dans les urnes, puisque les partis d'extrême droite restent largement minoritaires au Parlement et sont fortement critiqués par la majorité de la population ukrainienne», ajoute-t-il.