FranceLe gouvernement de Michel Barnier déjà sous le feu des critiques
ATS
22.9.2024 - 11:20
A peine né pour tenter de clore une longue crise politique, le gouvernement de Michel Barnier, attelage entre les macronistes et la droite, est déjà sous le feu des critiques de la gauche et du Rassemblement national.
22.09.2024, 11:20
22.09.2024, 11:41
ATS
«C'est un gouvernement fragile», «sans poids lourds», a relevé dimanche sur France Bleu Limousin l'ex-président de la République François Hollande. Le député PS de Corrèze tacle «un attelage qui paraît déjà brinquebalant» et estime qu' «il faut (le) censurer», avec une motion socialiste.
Au RN, on n'exclut pas non plus cette hypothèse."On va voir ce que Michel Barnier nous dit et en fonction du budget qui sera construit, nous nous réservons évidemment la possibilité de censurer», a déclaré sur franceinfo Sébastien Chenu, vice-président du parti frontiste.
Comment Michel Barnier va-t-il essayer de déminer le terrain? Son entourage et France Télévisions ont annoncé sa présence au journal de 20h00 sur France 2. Les premiers pas officiels des 39 nouveaux ministres n'auront lieu, eux, que lundi.
Un petit déjeuner d'accueil se tiendra à 08h00 à Matignon avant les passations de pouvoir entre 10h00 et 13h00. Puis, un Conseil des ministres est prévu à 15h00 à l'Elysée autour du président de la République Emmanuel Macron.
Le gouvernement annoncé samedi fait la part belle à la formation présidentielle Renaissance, et une bonne place au parti Les Républicains, pourtant sortis en net recul des élections législatives provoquées par la dissolution controversée de l'Assemblée nationale.
«Des résultats»
«Les Français n'attendent qu'une chose des responsables publics: des résultats. Je suis donc là pour agir, avec un seul mot d'ordre: rétablir l'ordre pour assurer la concorde», a affirmé sur X après sa nomination le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, dont le profil conservateur sur les sujets de société et très ferme sur l'immigration a cristallisé les critiques à gauche mais aussi au sein du camp présidentiel.
Le nouveau ministre de l'Economie et des Finances, le jeune macroniste Antoine Armand, a lui estimé dans une interview au Journal du dimanche qu'exclure «d'office certains prélèvements exceptionnels et ciblés ne serait pas responsable» vu l'état des finances publiques. Il a aussi promis de «baisser la dépense publique».
Contexte très tendu
L'élaboration du budget 2025, qui a déjà pris un retard inédit, est l'urgence numéro un dans un contexte très tendu. Signe de son importance, Michel Barnier a voulu garder un oeil sur ce dossier explosif en mettant sous sa tutelle directe le ministre macroniste des Comptes publics Laurent Saint-Martin.
Parmi les autres noms connus du public, Rachida Dati reste à la Culture, et Sébastien Lecornu aux Armées.
Rares rescapés, le MoDem Jean-Noël Barrot, promu aux Affaires étrangères, ainsi que les macronistes Catherine Vautrin, qui passe aux Territoires, et Agnès Pannier-Runacher, dans un grand ministère de la Transition écologique et de l'Energie.
Chez les entrants, la principale surprise est la députée Renaissance Anne Genetet à l'Education, plutôt connue sur les questions de défense.
Les syndicats enseignants tirent déjà à boulets rouges sur la nouvelle ministre, «une erreur de casting au regard des enjeux pour l'école» pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU. En «colère», Guislaine David, secrétaire générale de la FSU-Snuipp, déplore la nomination d'un «clone de Gabriel Attal pour continuer la politique engagée».
Deux semaines après la fin des Jeux paralympiques, des associations s'inquiètent aussi de l'absence du handicap dans les intitulés des ministères.
Un seul ministre issu de la gauche
Seule prise venue de la gauche, alors qu'Emmanuel Macron prônait un gouvernement de «rassemblement» et que Michel Barnier s'est évertué à attirer des sociaux-démocrates: Didier Migaud à la Justice. Mais l'ex-député socialiste a quitté la politique active depuis 2010.
L'attelage de centre-droit est aussi d'emblée marqué par les tensions entre le Premier ministre et le bloc central du président, qui gouvernait sans partage depuis sept ans.
En cause, une équipe jugée trop droitière par le MoDem et une partie de la macronie, et dont le programme reste flou en attendant la déclaration de politique générale prévue le 1er octobre.
«Tout le monde peut tuer tout le monde, demain vous mettez un autre gouvernement ça sera la même chose», relève sur Radio J, le président de l'UDI et sénateur centriste Hervé Marseille, allié d'Emmanuel Macron.
Contraint de lâcher une partie de ses prérogatives dans cette situation de coalition, le chef de l'Etat se concentre, lui, sur son domaine réservé avec un discours dimanche sur le thème des conflits et de la paix devant la communauté Sant'Egidio, proche du Vatican, réunie à Paris. Il sera mardi et mercredi à New York à l'Assemblée générale de l'ONU.