Espagne Le gouvernement espagnol réuni à Barcelone

ATS

21.12.2018 - 21:16

Protégé par un important dispositif policier, le gouvernement espagnol s'est réuni vendredi à Barcelone. Ce conseil des ministres, considéré comme une "provocation" par les indépendantistes, a été marqué par des confrontations entre police et militants radicaux.

"Nous sommes venus ici pour montrer (notre) affection, (notre) attachement à la Catalogne", a déclaré à l'issue de ce conseil la porte-parole du gouvernement Isabel Celaa. Mais la réaction des séparatistes à cette délocalisation de la réunion hebdomadaire du gouvernement central a été hostile.

A l'appel de plusieurs organisations indépendantistes catalanes - comme l'influente Assemblée nationale catalane (ANC) -, environ 40'000 personnes ont défilé en fin de journée dans le calme sur le Paseo de Gracia de Barcelone avec pour mot d'ordre "Faisons tomber le régime".

Plus de 60 blessés

"Tant que durera la répression, le gouvernement espagnol ne sera pas le bienvenu dans notre pays", a lancé de la scène l'acteur Pep Planas.

Plus tôt dans la journée, la police régionale des Mossos d'Esquadra a chargé à trois reprises des militants radicaux ayant jeté notamment des barrières ou des pierres sur les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Les policiers ont tiré une fois des projectiles en mousse.

Au total, treize personnes ont été interpellées après ces "affrontements" qui ont fait 62 blessés dont 35 policiers, selon les autorités régionales.

Décisions symboliques

Ce conseil des ministres s'est tenu plus d'un an après la tentative de sécession de la région, le 1er octobre 2017, et un an jour pour jour après les dernières élections régionales lors desquelles les indépendantistes ont confirmé leur majorité au parlement régional.

Le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a approuvé entre autres une forte augmentation du salaire minimum (22%), une hausse du salaire des fonctionnaires ainsi que des investissements dans les infrastructures catalanes.

Il a aussi symboliquement rejeté la condamnation à mort de l'ancien président de la Catalogne Lluis Companys, fusillé en 1940 par le régime franquiste.

La porte-parole du gouvernement séparatiste catalan, Elsa Artadi, a jugé sévèrement les mesures annoncées. "Pour faire ça, il n'y avait pas besoin de donner tant d'importance" au Conseil des ministres à Barcelone, a-t-elle déclaré.

Reprise du dialogue

Dès l'aube, plusieurs routes avaient été coupées à travers la région par les indépendantistes radicaux des Comités de défense de la République (CDR), dont l'autoroute AP-7 reliant la Catalogne à la France. Le trafic a repris sur certaines d'entre elles.

L'image des scènes de tensions de vendredi contraste avec la réunion de jeudi soir entre M. Sanchez et le président indépendantiste régional Quim Torra à l'issue de laquelle un inhabituel communiqué commun a été publié pour affirmer le "pari d'un dialogue effectif" visant à "garantir une solution" à la crise catalane.

Les positions sur l'autodétermination de la Catalogne restent toutefois diamétralement opposées. La ministre des Politiques territoriales Meritxell Batet a martelé vendredi qu'un tel droit "n'existait pas" dans la Constitution espagnole.

Cette reprise du dialogue a été dénoncée avec virulence aussi bien par les séparatistes radicaux que par la droite espagnole. La cheffe du groupe du Parti populaire (droite) à la chambre des députés, Dolors Montserrat, a qualifié de "honte" et de "trahison de l'Espagne" la photo de MM. Sanchez et Torra jeudi soir.

"Le dialogue est selon moi un pas en arrière. Ce n'est pas le moment de dialoguer. Il me semble que c'était seulement une photo pour calmer les esprits", a lancé pour sa part Mariona Godia, une manifestante séparatiste de 35 ans.

Investi à la tête du gouvernement début juin notamment grâce aux voix des indépendantistes catalans, Pedro Sanchez avait entamé son mandat avec la volonté de renouer le dialogue. Mais le ton s'est durci ces dernières semaines entre les deux parties.

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