Politique humanitaire Le gouvernement israélien devant la Cour suprême pour s'expliquer

ATS

10.4.2024 - 07:05

Le gouvernement israélien doit répondre mercredi à la justice du pays. Elle l'a, à la demande d'ONG, enjoint de justifier sa politique humanitaire dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Parmi les questions posées à Israël: quelles mesures l'exécutif va-t-il engager pour augmenter l'accès de l'aide? (archives)
Parmi les questions posées à Israël: quelles mesures l'exécutif va-t-il engager pour augmenter l'accès de l'aide? (archives)
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Keystone-SDA

Le 18 mars, cinq ONG ont soumis une pétition à la Cour suprême dans l'espoir que les autorités «respectent leurs obligations de puissance occupante» en fournissant toute l'aide nécessaire à la population civile de la bande de Gaza.

Après une première audience la semaine dernière, la cour a donné jusqu'au 10 avril au gouvernement pour répondre à une série de questions, parmi lesquelles: quelles mesures l'exécutif va-t-il engager pour augmenter l'accès de l'aide? Quels sont les obstacles auxquels se heurtent les ONG? Combien de demandes de coordination et d'acheminement d'aide ont été refusées et pour quel motif?

Les pétitionnaires disposeront ensuite de cinq jours pour répondre à l'argumentaire du gouvernement, avant une décision de la cour. Le gouvernement assure de façon répétée ne pas limiter l'arrivée de l'aide dans le territoire palestinien, ce que les ONG contestent tout aussi régulièrement, tandis que les grandes puissances exhortent le gouvernement de Benjamin Netanyahu à laisser entrer plus de convois humanitaires.

«Plusieurs choix politiques de la part d'Israël entravent l'accès à l'aide dans la bande de Gaza», déclare à l'AFP Miriam Marmur de l'organisation Gisha.

«Punition»

Elle évoque notamment l'interdiction d'utiliser le port israélien d'Ashdod, malgré sa proximité avec Gaza, des «processus d'inspection longs et inefficaces», ou encore l'interdiction de faire entrer certaines marchandises au motif que leur usage pourrait être détourné à d'autres fins.

«La réalité sur le terrain donne à penser qu'Israël utilise, entre autres, le principe de punition collective», affirme la pétition déposée par Gisha, Adalah, Association for Civil Rights in Israel, HaMoked et Physicians for Human Rights Israel.

Interrogé par l'AFP, Alexandre Fort, coordinateur logistique de Médecins sans frontières (MSF), fait état de problèmes incessants avec des livraisons «bloquées, pour lesquelles il faut des autorisations» longues à obtenir.

Le responsable Moyen-Orient de l'ONG Action contre la faim (ACF), Jean-Raphaël Poitou confirme également que les opérations d'ACF sont perturbées. «Tous les accès sont au sud de la bande de Gaza pour le moment», rappelle-t-il, «ça veut dire beaucoup d'heures de déplacement, de checkpoints, où il y a des vérifications, et c'est énormément de temps perdu à chaque fois qu'on doit aller dans le nord où les risques de famine sont les plus avancés.»

Camions à moitié pleins

D'après les autorités israéliennes, 419 camions sont entrés lundi dans le territoire côtier, le nombre le plus élevé depuis le début de la guerre. Toutefois, les Nations unies n'ont elles enregistré le passage que de 223 camions pour la même journée.

Et un porte-parole du bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Lerke, a souligné mardi depuis Genève que les camions entrant à Gaza sont à moitié pleins seulement, «une exigence» imposée par Israël pour faciliter les inspections.

Dans tous les cas «ce n'est pas avec 300 camions pendant une journée qu'on va changer la donne», balaie M. Poitou qui rappelle qu'environ 500 camions entraient quotidiennement sur le territoire avant la guerre, alors même qu'un blocus était déjà en vigueur depuis plus de quinze ans.

Alternative à la route, les largages aériens sont critiqués par les ONG comme par les Gazaouis. Les acteurs humanitaires sont réservés sur les améliorations récemment annoncées, y compris l'éventuel recours au passage d'Erez, au nord du territoire, aujourd'hui détruit.

«Il faut encore savoir quand et comment ces mesures seront mises en oeuvre en pratique», note Mme Marmur. Sans cessez-le-feu ni véritable coordination des convois d'aide à l'intérieur de la bande de Gaza, «elles n'ont aucun sens».

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1170 personnes du côté israélien, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Israël a lancé en représailles une opération militaire dans Gaza qui a fait plus de 33'300 morts, en majorité des civils, d'après le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.