FranceLe jeune et bouillonnant Gabriel Attal attendu à Matignon
ATS
9.1.2024 - 07:47
Au lendemain de la démission d'Elisabeth Borne, les tractations pour former le futur gouvernement vont s'intensifier mardi en France. Le ministre de l'Education Gabriel Attal est favori pour prendre Matignon et tenter d'insuffler une nouvelle dynamique au quinquennat.
09.01.2024, 07:47
09.01.2024, 08:18
ATS
La nomination du nouveau Premier ministre a été retardée de lundi soir à mardi matin, alimentant les spéculations sur de possibles résistances internes – notamment des ministres Gérald Darmanin et Bruno Le Maire, démenties par les intéressés.
Gabriel Attal, 34 ans, figure parmi les personnalités politiques préférées des Français depuis sa nomination il y a moins de six mois au ministère de l'Education nationale.
«Elan»
S'il est nommé, il sera le plus jeune Premier ministre de la Ve République et le premier à assumer publiquement son homosexualité. Il «incarne un élan, une dynamique, une audace dont on a sûrement besoin», résume un cadre de la majorité.
Sa première tâche sera de former un nouveau gouvernement sous le signe du «réarmement» vanté par le chef de l'Etat lors de ses voeux du Nouvel An: «réarmement industriel, économique, européen» mais aussi «civique», autour notamment du vaste chantier de l'école que Gabriel Attal a porté depuis l'été en initiant de nombreuses réformes d'ampleur.
Reste à savoir si le remaniement sera d'ampleur ou si les sortants seront nombreux. Plusieurs proches du président, dont le centriste François Bayrou, appellent à resserrer l'équipe gouvernementale qui compte aujourd'hui 39 membres.
Pour le constitutionnaliste Benjamin Morel, Gabriel Attal incarne une «stratégie très offensive en vue des élections européennes» de juin, où l'extrême droite est donnée gagnante en France.
Mais le deuxième quinquennat Macron est englué dans les difficultés: sans majorité à l'Assemblée depuis 2022, confronté à la montée du Rassemblement national, le président peine à donner du souffle à son mandat.
L'adoption dans la douleur de l'impopulaire réforme des retraites, et plus récemment d'une loi immigration soutenue par l'extrême droite qui a divisé la majorité présidentielle, ont aussi laissé des traces.
La nomination de Gabriel Attal, macroniste de la première heure, offrirait des garanties aux tenants du «dépassement» du traditionnel clivage droite-gauche. Mais, elle «ne réglera pas le problème de la majorité, ni le problème principal qui est 'où est le cap principal du mandat'», souligne le politologue Bruno Cautrès même si le jeune ministre peut faire penser au «Macron du départ, un briseur de code».
Gabriel Attal "est un choix risqué parce qu'il est plus populaire" qu'Emmanuel Macron et c'est "le dernier joker" du président
Son nom est remonté en haut de la liste lundi dans les pronostics de la macronie pour Matignon. Deux favoris tenaient jusque-là la corde: le discret ministre des Armées Sébastien Lecornu, 37 ans, un proche d'Emmanuel Macron venu de la droite, et l'ancien ministre de l'Agriculture, parti dans le privé Julien Denormandie, 43 ans, un macroniste historique.
Et, si sa jeunesse et sa nomination récente à l'Education nationale étaient invoquées ces derniers jours par plusieurs conseillers pour écarter l'hypothèse de sa nomination, les mêmes arguments justifient désormais sa promotion.
«La jeunesse, la cote dans l'opinion et la capacité réelle ou supposée à conduire la campagne gouvernementale des européennes ont fait la différence», croit savoir la source proche de l'exécutif. «Il est populaire, jeune, et c'est quelqu'un créé de toutes pièces par Macron», abonde une ministre.
Issu de la mouvance des jeunes soutiens de Dominique Strauss Kahn, Gabriel Attal avait fait partie des premiers socialistes à suivre Emmanuel Macron lors de la création en 2016 de son parti En Marche!.
Entré par la petite porte au secrétariat à la Jeunesse, son ascension a été fulgurante: porte-parole du gouvernement, ministre du Budget, il hérite de l'Education nationale en juillet, où il interdit l'abaya à l'école au nom de la «laïcité» et se dit prêt à expérimenter le port de l'uniforme.