Brexit Le jour où le Brexit n'a pas eu lieu

ATS

29.3.2019 - 04:32

Qu'ils manifestent leur colère, fassent la fête pour se changer les idées ou prient pour l'avenir du pays, les Britanniques célèbrent vendredi le 29 mars, jour où le Brexit était censé avoir lieu.

«L'establishment avait promis que nous quitterions l'UE le 29 mars 2019 mais ils essaient maintenant de retarder le Brexit ou même de l'arrêter», fulminent les animateurs du mouvement europhobe Leave Means Leave. Face à cette «élite» accusée de «trahir le Brexit», le mouvement rassemblera ses troupes devant le Parlement à partir de 16h00 heure locale (17h00 en Suisse).

Il y a deux ans jour pour jour, la Première ministre Theresa May activait l'article 50 du Traité de Lisbonne, enclenchant officiellement le processus de sortie de l'Union européenne qui devait aboutir le 29 mars 2019 à 23h00 heure britannique. Imprudemment, elle a répété au fil de ses discours que le pays quitterait l'UE à cette date.

Mais l'accord de retrait qu'elle a obtenu après de longues et laborieuses négociations avec l'UE a été rejeté deux fois par les députés britanniques, la contraignant à repousser la date. Le texte sera de nouveau examiné vendredi.

Près de trois ans après le référendum de juin 2016, qui avait vu la victoire du camp Leave l'emporter à 52%, le chaos règne au Parlement et l'amertume domine dans la population, tant du côté des eurosceptiques, frustrés de ne pas voir leur pays quitter l'UE, que des europhiles qui voudraient voir le Royaume-Uni revenir sur sa décision.

Les Britanniques toujours aussi divisés par le Brexit célébreront de bien des manières différentes ce 29 mars 2019, jour où le divorce officiel d'avec l'UE n'a pas eu lieu (archives).
Les Britanniques toujours aussi divisés par le Brexit célébreront de bien des manières différentes ce 29 mars 2019, jour où le divorce officiel d'avec l'UE n'a pas eu lieu (archives).
Source: KEYSTONE/AP/FRANK AUGSTEIN

Soirée apocalyptique

Côté pro-Brexit, les participants d'une longue marche de 300 miles (environ 450 kilomètres) depuis le nord-est de l'Angleterre arriveront à Londres pour participer au rassemblement prévu devant Westminster. Très remontés contre la classe politique, ils réclament que le gouvernement mette en oeuvre le résultat du référendum et que le pays se détache enfin de l'UE, quitte à partir sans accord.

Dans l'autre camp, l'europhile maire de Londres, Sadiq Khan, va lancer un bus frappé du slogan «Nous sommes tous Londoniens» qui sillonnera la capitale pour informer les citoyens européens des procédures à effectuer pour rester au Royaume-Uni après le Brexit.

Le soir, des Britanniques noieront leur colère ou leur dépit dans l'alcool lors de «fêtes de départ». Le Working Men's Club de Bethnal Green, à Londres, promet ainsi une «soirée apocalyptique», avec les apparitions du «Monstre May» ou «Monsieur Farage», le député europhobe Nigel Farage.

«Donc faites votre demande de visa (achetez un billet) ou vous risquez d'être rejeté par les douanes – il est temps de faire la fête comme si c'était la fin du monde parce que, soyons honnête, c'est ce qui pourrait arriver», préviennent les organisateurs.

Prier pour la nation

Plus sobre, l'Eglise anglicane appelle les Britanniques à s'en remettre à Dieu pour le salut du pays. Evoquant les députés confrontés à l'immense tâche de sortir leur pays de l'impasse, l'archevêque de Canterbury, Justin Welby, a incité ses ouailles à «prier pour eux» sur Twitter.

L'Eglise d'Angleterre organise lors du weekend des temps de prière et de partage, invitant les fidèles à exprimer leurs points de vue et leurs angoisses autour d'une tasse de thé. Parmi les textes suggérés par l'Eglise, une prière pour le Royaume-Uni qui demande «d'unir notre nation et de guider nos dirigeants», ou une autre destinée aux dirigeants de l'Union européenne afin «qu'ils puissent diriger avec sagesse et perspicacité».

Sur l'île d'Irlande, des Britanniques ou Irlandais vivant de chaque côté de la frontière, et inquiets du risque de rétablissement de contrôles dans cette zone marquée par des années d'affrontements sanglants entre catholiques républicains et protestants unionistes, manifesteront samedi à différents points de la frontière.

Collecte lancée

En cette période historique particulièrement intense pour le pays, le Musée de Londres collecte des témoignages de Londoniens sur le Brexit pour les conserver pour les générations futures.

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