UE-Poutine Le Kremlin regrette la relance manquée du dialogue UE-Poutine

ATS

25.6.2021 - 18:42

Keystone-SDA

Le Kremlin a regretté vendredi l'occasion manquée d'une relance du dialogue entre l'UE et Vladimir Poutine. Il a pointé du doigt la responsabilité des pays d'Europe de l'Est, qui ont bloqué une proposition franco-allemande en ce sens.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov
KEYSTONE

Une semaine après le sommet de Genève entre le président russe et son homologue américain Joe Biden, Angela Merkel et Emmanuel Macron avaient dit souhaiter organiser une rencontre avec le maître du Kremlin pour traiter de sujets d'intérêt majeur pour l'UE.

Mais les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles, n'ont pu s'entendre sur le sujet du fait de l'opposition des pays baltes, de la Pologne, de la Suède et des Pays-Bas qui pointent du doigt la politique agressive de Moscou à l'égard des Européens.

«Humeurs antirusses»

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a dit avoir appris ce refus «avec regret», qualifiant la décision européenne «d'illogique et nocive pour l'avenir». Il a assuré que M. Poutine «reste d'une manière générale favorable à l'établissement de relations de travail entre Moscou et Bruxelles».

Il a aussi pris pour cible l'opposition des anciens pays du bloc de l'Est qui se méfient des ambitions géopolitiques russes. «Nous savons qu'une série de pays se sont opposés à ce dialogue et nous savons qu'il s'agit avant tout des 'jeunes' européens, les Etats baltes, la Pologne (...) et que ce sont ces mêmes pays qui sans fondement parlent de menaces provenant de Russie», a-t-il déclaré.

Le ministère russe des Affaires étrangères a lui accusé l'UE de déterminer sa ligne vis-à-vis de Moscou sur la base «des humeurs antirusses de certains de ses Etats-membres».

Divisions

Côté européen, les deux camps ont réitéré leurs positions, illustrant leurs divisions. L'UE et la Russie ne se sont plus réunies en sommet depuis 2014, avant l'annexion russe de la Crimée ukrainienne. Depuis, les vagues de sanctions et contre-sanctions se sont succédé.

«La Pologne a rejeté cette proposition allemande, car nous pensons que cela valoriserait le président Vladimir Poutine au lieu de punir une politique agressive», a commenté vendredi le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki.

Un argument pas du goût de la chancelière Angela Merkel, qui voulait relancer le dialogue avec Moscou avant de se retirer. Joe Biden «a rencontré Vladimir Poutine pour un entretien sérieux sans que cela donne l'impression que ce soit une récompense pour le président russe», a-t-elle lâché.

«Une UE souveraine, à mon avis, devrait également être en mesure de représenter les intérêts de l'UE dans une conversation similaire», a-t-elle ajouté.

«Pas un drame»

Le président du Conseil européen Charles Michel a de son côté défendu la capacité de l'UE à dialoguer avec la Russie sur les sujets d'intérêt mutuel pour imposer ses points de vue, plutôt que de se contenter de «réagir quand on est provoqué ou attaqué».

Le président français Emmanuel Macron a lui voulu voir le verre à moitié plein, jugeant que le refus de plusieurs Etats membres «n'est pas un drame» car l'idée d'un dialogue entre l'Europe et la Russie a malgré tout progressé à Bruxelles.

De son côté l'Ukraine, qui voyait d'un mauvais oeil la proposition franco-allemande, a demandé des éclaircissements aux ambassadeurs français et allemand. Cette initiative, «contraire à la politique des sanctions» contre Moscou, «sape la solidarité européenne» et «n'encourage pas» Moscou à respecter les accords de paix, a critiqué le ministre des affaires étrangères Dmytro Kouleba.

Tensions sur la Hongrie

Autre sujet de discorde, la récente loi hongroise interdisant la représentation et la «promotion» de l'homosexualité auprès des mineurs. Cette législation a suscité un débat d'une virulence inhabituelle et conduit 17 pays membres à interpeller dans une lettre les dirigeants de l'UE sur la nécessité de faire respecter les valeurs européennes.

«Hier la plupart d'entre nous ont été très clairs sur le fait que cette nouvelle loi hongroise va à l'encontre de nos valeurs (...) Il y a eu un soutien écrasant à l'idée que nous allons défendre nos valeurs», a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

L'exécutif communautaire a écrit à Budapest «pour lui exposer en détail nos préoccupations sur le plan juridique», a-t-elle ajouté. Il lui a donné jusqu'au 30 juin pour répondre. «Il y a des démarches supplémentaires qui peuvent ensuite être entreprises. Cela dépend de la façon dont la Hongrie réagit», a précisé Mme von der Leyen.

Emmanuel Macron a de son côté estimé que les Européens devaient «se poser des questions sur (eux)-mêmes» et déterminer «comment combattre» la dérive «illibérale» dans certaines sociétés post-communistes, tout en reconnaissant la difficulté pour l'Europe de répondre rapidement.