Hong Kong Le militant indépendantiste Edward Leung est sorti de prison

ATS

19.1.2022 - 00:37

Un militant pour l'indépendance de Hong Kong, Edward Leung, qui a inventé le slogan du grand mouvement pour la démocratie de 2019, a été libéré de prison mercredi. Il y avait été détenu pendant presque quatre ans.

Edward Leung, au centre sur l'image ci-dessus, a été une figure de proue du mouvement indépendantiste Hong Kong Indigenous (archives).
Edward Leung, au centre sur l'image ci-dessus, a été une figure de proue du mouvement indépendantiste Hong Kong Indigenous (archives).
ATS

19.1.2022 - 00:37

«Le département des services pénitentiaires a organisé la libération du prisonnier concerné de la prison de Shek Pik au petit matin» mercredi, a indiqué ce département dans un email. Edward Leung, 30 ans, était une étoile montante de la scène politique lorsque le mouvement indépendantiste avait commencé à être entendu en 2016.

Mais son ascension s'était arrêtée brutalement en 2018, lorsqu'il avait été emprisonné pour émeute et agression envers la police lors d'une manifestation en 2016, durant laquelle des protestataires avaient jeté des briques et brûlé des pneus dans les rues.

M. Leung a été enfermé dans une prison de haute sécurité. Pendant ce temps, son slogan de campagne, «Libérez Hong Kong, révolution de notre temps», est devenu célèbre lorsque les manifestants pro-démocratie l'ont repris en 2019 comme cri de ralliement contre la gouvernance autoritaire de la Chine.

Le slogan, omniprésent durant les immenses rassemblements pro-démocratie, parfois violents, qui ont secoué la ville, a été interdit l'an dernier en vertu d'une loi sur la sécurité nationale que Pékin a imposée à Hong Kong pour réprimer l'opposition.

M. Leung, qui devait sortir dans la journée mercredi, a finalement été libéré à l'aube alors qu'il faisait encore nuit, pour «prendre en considération le souhait et la sécurité» du militant, a expliqué le département des services pénitentiaires à l'AFP. Sa famille avait appelé mardi à ne pas venir à la prison pour sa libération.

Sous surveillance

Selon des médias locaux, il a quitté la prison avant 03h00 (20h00 mardi en Suisse). Des barrières métalliques avaient été installées sur la principale route menant à la prison, pour empêcher les journalistes de s'approcher.

Mercredi vers 05h45 (22h45 mardi en Suisse), M. Leung a indiqué sur les réseaux sociaux avoir retrouvé sa famille. «Après quatre ans, je veux profiter de ce temps précieux que j'ai avec ma famille et retrouver une vie normale. Je voudrais exprimer ma sincère gratitude pour votre attention», a-t-il écrit.

Il a ajouté vouloir «rester loin des projecteurs et arrêter d'utiliser les réseaux sociaux», y étant obligé légalement car il reste sous surveillance. Mercredi à 6h30, sa page Facebook semblait avoir été désactivée.

Il y a quelques semaines, des sources gouvernementales avaient indiqué à des médias locaux que l'activiste allait «probablement être surveillé», les autorités étant conscientes de son influence sur le camp indépendantiste, aujourd'hui très affaibli.

Pionnier

Né en 1991 à Wuhan, dans le centre de la Chine, M. Leung est un des premiers à avoir élevé la voix pour réclamer l'indépendance de Hong Kong, ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997.

Après avoir irrité plus d'un militant pro-démocratie classique, ses idées sont devenues plus populaires, en particulier chez les jeunes du territoire semi-autonome, après l'échec en 2014 du mouvement Occupy, lorsque la police avait évacué les protestataires par la force après 79 jours de sit-in sans violence.

L'étudiant en philosophie et sciences politiques a ensuite rejoint le mouvement indépendantiste Hong Kong Indigenous dont il devint le porte-parole. Il fut le premier candidat indépendantiste à se présenter aux législatives, en 2016. Il échoua, mais rassembla plus de 66'000 voix, semblant montrer une adhésion croissante à un mouvement autrefois marginal.

M. Leung est resté silencieux pendant presque toute sa détention, sauf en juillet 2019 lorsqu'après des violences, il avait écrit une lettre demandant aux manifestants de ne pas se laisser aveugler par la haine. Aujourd'hui, en vertu de la loi sur la sécurité nationale entrée en vigueur en 2020, réclamer l'indépendance de Hong Kong est passible de prison ferme, entre 10 ans et la perpétuité.

ATS