France Le ministre Damien Abad visé par une plainte pour tentative de viol

ATS

27.6.2022 - 20:11

Une plainte pour tentative de viol a été déposée lundi contre le ministre des Solidarités Damien Abad. Celui-ci a répliqué en annonçant une plainte pour dénonciation calomnieuse.

Il s'agit de la troisième femme à accuser le ministre Damien Abad de violences sexuelles (archives).
Il s'agit de la troisième femme à accuser le ministre Damien Abad de violences sexuelles (archives).
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Keystone-SDA

Le parquet de Paris a confirmé à l'AFP avoir reçu lundi une plainte pour tentative de viol visant M. Abad, révélée par Mediapart, précisant que celle-ci était «actuellement en cours d'analyse».

Selon le site d'investigation, elle a été déposée par une «élue centriste», qui accuse le ministre d'avoir tenté de la violer lors d'une fête organisée chez lui, à Paris, au premier semestre 2010.

«Une nouvelle fois, je conteste avec la plus grande fermeté toute accusation de tentative de viol ou d'agression sexuelle», a de son côté affirmé M. Abad dans une déclaration écrite transmise à la presse.

«Je ne laisserai pas ces accusations mensongères et scandaleuses sans réponse. Dès ce jour, j'ai demandé à mes avocats de déposer une plainte en dénonciation calomnieuse», a-t-il ajouté.

«C'est une tentative d'intimidation des autres victimes», a réagi auprès de l'AFP Me Raphaële Bialkiewicz, avocate de la plaignante, assurant que cette dernière était «sereine».

«Libérer la parole»

«Ma cliente a parlé pour que ça ne se reproduise plus, elle répond à l'appel d'Elisabeth Borne» qui avait invité mi-juin les femmes victimes de violences sexuelles à déposer plainte, a déclaré Me Bialkiewicz. «Elle a l'intime conviction qu'il faut libérer la parole des femmes».

Mi-juin, Mediapart avait publié le témoignage de cette femme sous le prénom d'emprunt de «Laëtitia». Elle était, lors des faits qu'elle dénonce, présidente d'une fédération du mouvement de jeunesse du Nouveau centre, dont M. Abad, alors député européen, était le président national.

Le soir des faits, selon son récit, Damien Abad lui a «offert un verre» au fond duquel elle a vu «quelque chose»: méfiante, elle est allée recracher sa gorgée aux toilettes.

Toujours selon ses dires, M. Abad l'attendait derrière la porte et tout est allé «très vite»: l'eurodéputé l'aurait «poussée dans une pièce en face» puis aurait tenté de la contraindre à une fellation.

«J'avais peur, j'étais sidérée. Je me suis débattue, je l'ai frappé dans le ventre», raconte-t-elle. «Laëtitia» dit avoir finalement pu «se défaire» de son agresseur présumé et sortir de la pièce grâce à l'irruption d'un convive.

Appels à la démission

Il s'agit de la troisième femme à accuser le ministre de violences sexuelles, mais à ce jour, aucune enquête n'a été ouverte à la suite de ces accusations.

L'une d'elles, Margaux (prénom modifié) – qui a confirmé son récit à l'AFP – a déposé plainte à deux reprises, mais ces deux plaintes ont été classées sans suite en 2012, puis en 2017, d'abord pour «carence de la plaignante», puis «faute d'infraction suffisamment caractérisée».

Pour l'autre, Chloé, qui a dénoncé des faits qui se seraient déroulés lors d'une soirée à l'automne 2010, un signalement avait été effectué par l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles, mais le parquet de Paris avait indiqué fin mai ne pas ouvrir d'enquête «en l'état», faute «d'élément permettant d'identifier la victime des faits dénoncés».

Son témoignage avait en effet été transmis à la justice sous une forme anonymisée. Le dépôt d'une plainte pourrait dès lors changer la donne.

Depuis la parution des témoignages dans Mediapart relayant les accusations de viol, plusieurs témoignages anonymes de membres de LR ont fait en outre état d'un comportement «lourdingue», voire «déplacé», du ministre, supposément bien connu de son entourage politique.

Ces derniers temps, les appels à la démission de M. Abad, ex-président du groupe LR à l'Assemblée nommé ministre par Elisabeth Borne et confortablement réélu le 19 juin pour un troisième mandat de député de l'Ain, se sont multipliés dans les rangs de l'opposition et des associations féministes.

Le 20 juin, ce sont ainsi 200 femmes, élues, journalistes, féministes, artistes, qui ont fait une demande en ce sens dans une tribune publiée par le Monde.

La veille, l'écologiste Sandrine Rousseau avait assuré que les députés de la Nupes feraient «le chahut nécessaire» pour couvrir sa voix à l'Assemblée nationale.