Autriche Le ministre de l'Intérieur choisi pour devenir nouveau chancelier

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3.12.2021 - 12:41

Le parti conservateur autrichien a désigné vendredi comme son nouveau chef le ministre de l'Intérieur Karl Nehammer, qui va ainsi devenir le prochain chancelier, après le départ de Sebastian Kurz.

Karl Nehammer.
Karl Nehammer.
ATS

Keystone-SDA, br

«J'ai été désigné aujourd'hui à l'unanimité par la direction de l'ÖVP comme président du parti et en conséquence comme candidat au poste de chancelier», a déclaré M. Nehammer devant la presse à Vienne.

«Je suis extrêmement reconnaissant, c'est un honneur et un privilège auquel je ne m'attendais pas», a-t-il ajouté.

Le responsable politique de 49 ans a annoncé à cette occasion un vaste remaniement ministériel, adopté «en consensus» avec les écologistes, auxquels la droite est alliée pour gouverner depuis janvier 2020. Le ministre des Finances Gernot Blümel a déjà annoncé sa démission.

Alexander Schallenberg, que M. Kurz avait désigné en octobre pour lui succéder à la chancellerie après avoir été mis en cause dans un scandale de corruption, s'était déclaré jeudi soir «prêt à laisser son poste». Il va retrouver son portefeuille du ministère des Affaires étrangères.

«Notre but est désormais d'entamer rapidement les discussions avec le président» Alexander Van der Bellen, auquel il reviendra de valider le prochain gouvernement, a précisé le nouveau chef de file. La date de l'investiture n'a pas encore été fixée.

La fin d'un processus

Les conservateurs participent à l'exécutif en Autriche depuis 1987 et gouvernent soit avec les sociaux-démocrates, soit avec l'extrême droite. Début 2020, ils ont formé une coalition inédite avec les écologistes. Karl Nehammer va devenir le cinquième chancelier autrichien nommé à ce poste depuis 2016.

«On assiste à la fin d'un processus entamé en octobre», commente le politologue Thomas Hofer. «M. Kurz espérait initialement revenir rapidement et c'est pour cette raison que le parti avait mis en place M. Schallenberg, qui n'avait jamais eu l'ambition» de diriger le gouvernement.

La situation est «différente avec Karl Nehammer, qui doit faire sa place et indirectement rompre avec l'équipe Kurz» en mettant en place de «nouveaux visages», poursuit-il.

Un militaire

Né en 1972 à Vienne, barbe de trois jours et tempes grisonnantes, Karl Nehammer a d'abord fait carrière dans l'armée, où il a été nommé lieutenant. Gendre d'un présentateur vedette de la télévision, il a ensuite bifurqué vers la communication politique, avant d'être élu député en 2017 puis nommé ministre en janvier 2020.

A ce titre, il a dû gérer le premier attentat islamiste survenu en Autriche, qui a fait quatre morts en novembre de la même année.

Considéré par les commentateurs comme «loyal» envers sa formation, marié et père de deux enfants, il a intégré le gouvernement sans pour autant être un proche de Sebastian Kurz.

Intraitable sur la question du droit d'asile, il a été critiqué par des ONG pour avoir fait expulser des enfants en pleine nuit et voulu renvoyer des Afghans à Kaboul alors que les talibans étaient aux portes du pouvoir.

Pour compliquer la donne, l'Autriche est actuellement reconfinée en raison d'une virulente vague de coronavirus et d'un taux de vaccination situé en dessous de la moyenne de l'Union européenne.

Départ de Sebastian Kurz

Jeudi, Sebastian Kurz a annoncé abandonner la vie politique, deux mois à peine après avoir quitté la tête du gouvernement. Après une ascension éclair, Sebastian Kurz avait été poussé à la démission en octobre à la suite de l'ouverture d'une enquête à son encontre pour corruption.

Il était resté à la direction de sa formation dont il présidait aussi le groupe parlementaire mais il a expliqué voir entamer «un nouveau chapitre», se disant «usé» par les récentes accusations du parquet.

En octobre, plusieurs lieux dont la chancellerie et le ministère des Finances ont été perquisitionnés dans le cadre d'une enquête portant sur des soupçons de détournement de fonds publics entre 2016 et 2018.

Ce détournement présumé avait pour but de financer la parution de sondages falsifiés et une couverture médiatique élogieuse à l'égard de Sebastian Kurz dans les médias d'un influent groupe de presse autrichien, Österreich.

En échange, ce dernier était récompensé via l'achat de lucratifs encarts publicitaires, selon les éléments du parquet.