«Persona non grata» Le Nicaragua va expulser l'ambassadrice de l'UE

ATS

29.9.2022 - 07:12

Le ministre nicaraguayen des Affaires étrangères Denis Moncada a notifié mercredi après-midi son expulsion à l'ambassadrice de l'Union européenne à Managua, Bettina Muscheidt, a-t-on appris de source diplomatique.

Le ministre des Affaires étrangères du Nicaragua, Denis Ronaldo Moncada Colindres, s'adresse à la 77e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le lundi 26 septembre 2022.
Le ministre des Affaires étrangères du Nicaragua, Denis Ronaldo Moncada Colindres, s'adresse à la 77e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le lundi 26 septembre 2022.
KEYSTONE

Mme Muscheidt, qui a pris son poste à Managua en octobre 2021, a été convoquée au ministère nicaraguayen des Affaires étrangères où la notification de son expulsion lui a été lue par M. Moncada, selon la même source.

Plusieurs médias nicaraguayens publiés sur internet depuis leur exil au Costa Rica avaient auparavant informé sur l'imminence de l'expulsion de l'ambassadrice. Selon le média 100% Noticias, le ministère nicaraguayen des Affaires étrangères avait «informé le siège de l'Union européenne (à Bruxelles) que son ambassadrice était déclarée persona non grata» à Managua.

Selon ce média, la déclaration du représentant de l'Union européenne, lundi, devant le Conseil des droits de l'homme à Genève demandant au gouvernement nicaraguayen de «restaurer» la démocratie a provoqué la colère de Managua. Aucune notification officielle n'a cependant encore été communiquée, a-t-on indiqué de source diplomatique.

«Incompréhension»

Selon 100% Noticias, le gouvernement nicaraguayen a motivé sa décision en raison de «l'ingérence et du non-respect de la souveraineté nationale» par l'Union européenne. Les autorités nicaraguayennes n'avaient, en milieu d'après-midi, pas encore confirmé publiquement l'information.

L'expulsion de l'ambassadrice de l'Union européenne intervient sept mois après celle du nonce apostolique Waldemar Sommertag. Le Vatican avait fait part de son «incompréhension». L'UE et les Etats-Unis ont imposé de nombreuses sanctions au Nicaragua et à des personnalités du régime depuis quatre ans, invoquant notamment des violations des droits de l'homme.

L'UE a demandé en outre la libération de plus de 200 opposants emprisonnés, dont sept candidats à l'élection présidentielle de novembre 2021. M. Daniel Ortega a alors été réélu pour un quatrième mandat consécutif en l'absence d'adversaires de poids, ceux-ci ayant été arrêtés ou contraints à l'exil.

Des manifestations massives en 2018 réclamant la démission de M. Nicaragua avaient été réprimées dans le sang, avec un bilan d'au moins 355 morts selon les organisations de défense des droits de l'homme, dont 22 dans les rangs de la police, selon le gouvernement nicaraguayen. Le président Ortega et son épouse et vice-présidente Rosario Murillo invoquent une tentative de coup d'Etat fomentée par Washington avec le soutien de l'Eglise catholique.