UltimatumLe Niger ferme son espace aérien «face à la menace d'intervention»
ATS
7.8.2023 - 00:10
Le Niger a fermé dimanche soir son espace aérien «face à la menace d'intervention qui se précise à partir des pays voisins». La CÉDÉAO avait donné aux militaires putschistes nigériens jusqu'à minuit (01h00 en Suisse) pour rétablir le président renversé Mohamed Bazoum.
07.08.2023, 00:10
07.08.2023, 07:38
ATS
«L'espace aérien nigérien est fermé à compter de ce jour dimanche [...] jusqu'à nouvel ordre», a indiqué peu avant la fin de l'ultimatum le conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), qui a pris le pouvoir au Niger, dans un communiqué.
L'ultimatum avait été lancé le 30 juillet par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) aux putschistes, sous peine d'une intervention armée.
Le CNSP précise dans son communiqué que «toute tentative de violation de l'espace aérien» entraînera «une riposte énergique et instantanée». Il affirme également qu'un «prédéploiement pour la préparation de l'intervention a été fait dans deux pays d'Afrique centrale», sans préciser lesquels. «Tout Etat impliqué sera considéré comme cobelligérant», ajoute-t-il.
«A bas la France»
Les frontières terrestres et aériennes du Niger avec cinq pays frontaliers avaient été réouvertes le 2 août, près d'une semaine après leur fermeture lors du coup d'Etat du 26 juillet ayant renversé Mohamed Bazoum. Ces pays étaient l'Algérie, le Burkina Faso, la Libye, le Mali et le Tchad.
Dans l'après-midi, quelque 30'000 partisans du coup d'Etat dont beaucoup brandissaient des drapeaux du Niger, du Burkina Faso et de Russie, se sont livrés à une démonstration de force dans le plus grand stade du Niger à Niamey.
«Aujourd'hui, c'est le jour de notre véritable indépendance», criait un jeune homme, la foule autour de lui lançant des «A bas la France, à bas la CÉDÉAO». Des membres du CNSP sont arrivés triomphalement au stade, acclamés et entourés par une foule enfiévrée, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Le général Mohamed Toumba, numéro trois du CNSP, a pris la parole pour dénoncer ceux «qui sont tapis dans l'ombre» et qui «sont en train de manigancer la subversion» contre «la marche en avant du Niger». «Nous sommes au courant de leur plan machiavélique», a-t-il dit.
Inquiétudes
Les contours de la force pour une possible intervention militaire ont été «définis» vendredi par les chefs d'état-major de la CÉDÉAO.
Le coup d'Etat a été condamné par l'ensemble des partenaires occidentaux et africains du Niger, mais les militaires nigériens ont reçu le soutien de leurs homologues du Mali et du Burkina Faso – également arrivés au pouvoir par des putschs en 2020 et 2022 et eux aussi confrontés à la violence islamiste – qui affirment qu'une intervention au Niger serait une «déclaration de guerre» à leurs deux pays.
La perspective d'une intervention militaire ouest-africaine suscite inquiétudes et critiques. Samedi les sénateurs du Nigeria, poids lourd de la CÉDÉAO avec ses 215 millions d'habitants et partageant une frontière de 1500 km avec le Niger, ont appelé le président Bola Tinubu à «renforcer l'option politique et diplomatique».
Djihadistes, seuls vainqueurs
Samedi soir l'Algérie, acteur majeur dans le Sahel, qui a près de 1000 km de frontière avec le Niger, a également émis des réserves. Le président Abdelmadjid Tebboune a estimé à la télévision publique qu'une intervention serait «une menace directe» pour son pays. «Il n'y aura aucune solution sans nous» l'Algérie, a-t-il ajouté, craignant que «tout le Sahel ne s'embrase» en cas d'intervention.
«Il faut empêcher le scénario catastrophique d'une guerre», a alerté de son côté un collectif de chercheurs, spécialistes du Sahel, dans une tribune publiée samedi soir dans le quotidien français Libération. «Une guerre de plus au Sahel n'aura qu'un vainqueur: les mouvements djihadistes qui depuis des années construisent leur expansion territoriale sur la faillite des Etats», écrivent-ils.
Les militaires putschistes ont dénoncé des accords de coopération militaire et sécuritaire avec Paris, qui déploie au Niger 1500 soldats pour la lutte antiterroriste, une mesure pour l'instant ignorée par Paris.