Oslo
Le prix Nobel de la paix a récompensé vendredi la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires, dont le siège est à Genève. L'ICAN, "très honorée", a appelé à oeuvrer "maintenant" contre cet armement.
"Nous vivons dans un monde où le risque que les armes nucléaires soient utilisées est plus élevé qu'il ne l'a été depuis longtemps", a déclaré la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen. "Certains pays modernisent leurs arsenaux nucléaires, et le danger que plus de pays se procurent des armes nucléaires est réel, comme le montre la Corée du Nord", a-t-elle ajouté.
Coalition mondiale d'ONG, l'ICAN se présente comme une coalition d'organisations non gouvernementales présentes dans plus de cent pays. Elle a vu le jour en Australie et a été officiellement lancée à Vienne en 2007. Elle a poussé à l'adoption d'un traité historique d'interdiction de l'arme atomique, signé par 122 pays en juillet - mais d'une portée essentiellement symbolique en l'absence des neuf puissances nucléaires.
"Efforts déterminants"
L'ICAN a eu le mérite d'"attirer l'attention sur les conséquences humanitaires catastrophiques induites par tout recours aux armes nucléaires et pour ses efforts déterminants en vue d'obtenir un traité d'interdiction de ces armes", a expliqué Berit Reiss-Andersen. La présidente du comité norvégien a par ailleurs appelé les puissances nucléaires à entamer des "négociations sérieuses" en vue d'éliminer leur arsenal.
"Le Comité (Nobel) tient à souligner que les prochaines étapes vers la réalisation d'un monde sans armes nucléaires doivent impliquer les Etats dotés de l'arme nucléaire. Cette année, le prix de la Paix est donc également un appel lancé à ces États pour qu'ils engagent des négociations sérieuses en vue de la disparition progressive, équilibrée et soigneusement contrôlée de près de 15'000 armes nucléaires dans le monde", a-t-elle dit.
Cinq des Etats qui possèdent actuellement des armes nucléaires - les États-Unis, la Russie, le Royaume-Uni, la France et la Chine - se sont déjà engagés à atteindre cet objectif en adhérant au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1970, a souligné Berit Reiss-Andersen.
Agir "maintenant"
De son côté, l'ICAN s'est dit vendredi à Genève "très honorée" de recevoir cette distinction. Elle a appelé le monde à oeuvrer "maintenant" contre cet armement dont l'usage est au coeur de vives tensions, suite au discours belliqueux de certains pays. L'ICAN a ainsi demandé aux Etats qui n'ont pas encore signé ni ratifié le traité d'interdiction adopté en juillet dernier d'agir.
L'ONU a, lui, salué l'attribution du prix Nobel de la paix à l'ICAN. "C'est une bonne nouvelle", a dit vendredi devant la presse la directrice de l'information d'ONU Genève Alessandra Vellucci. Elle a ajouté "espérer que ce prix aboutira à l'entrée en vigueur du traité".
Le prix Nobel de la paix, doté de neuf millions de couronnes suédoises (plus d'un million de francs), sera remis à Oslo le 10 décembre. L'an dernier, le Nobel de la paix était allé au président colombien Juan Manuel Santos, récompensé pour ses efforts visant à ramener la paix dans son pays et l'accord signé avec la guérilla marxiste des FARC.
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