Les personnes qui fuient les conflits et les violations des droits humains sont à nouveau à un plus haut pour la 9e année consécutive, malgré la pandémie. Fin 2020, elles étaient près de 83 millions, une augmentation de 4% en un an, a dit vendredi l'ONU à Genève.
Parmi ces déplacés qui constituent 1% de la population mondiale, près d'un tiers se sont réfugiés dans un autre pays que le leur, également davantage que l'année précédente, selon les données publiées par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR). Dont près de 21 millions sous le mandat de l'agence onusienne, environ 5,8 millions de Palestiniens et 3,9 millions de Vénézuéliens.
Au total, 48 millions de personnes sont des déplacées internes, en augmentation de plus de 2 millions. Malgré la pandémie et les restrictions, les chiffres continuent de s'étendre, déplore le HCR. Et plus de 4 millions sont demandeuses d'asile.
L'aide humanitaire ne suffit pas à résoudre la situation des réfugiés et déplacés, estime le Haut Commissaire Filippo Grandi. «Nous avons besoin de bien davantage de volonté politique face aux conflits et aux persécutions», affirme-t-il. D'autant plus que les chiffres ont probablement augmenté ces derniers mois, a-t-il dit à la presse.
La plupart des pays ont associé les réfugiés dans leur politique de vaccination face au coronavirus, comme le souhaite le HCR. Mais dans les pays en développement, où les doses sont encore peu nombreuses, ils vont être encore «exposés au virus» comme les autres habitants, explique le Haut Commissaire.
Recul des réinstallations
Plus de deux tiers des personnes contraintes d'être déplacées viennent de cinq pays. La Syrie, avec près de 7 millions de ressortissants qui ont fui leur habitation, devance le Venezuela, l'Afghanistan, le Soudan du Sud et la Birmanie.
Plus de 9 réfugiés sur dix sont toujours accueillis dans des pays en développement. Les mineurs sont plus de 40% du total des déplacés. Selon de nouvelles estimations, près d'un million d'enfants sont nés comme réfugiés entre 2018 et 2020. La plupart pourraient le rester pendant des années.
Au pic de la pandémie, plus de 160 pays avaient fermé leurs frontières, dont près de deux tiers sans aucune exception pour les personnes cherchant une protection internationale. Les contrôles sanitaires, les quarantaines provisoires ou encore des enregistrements facilités ont toutefois permis à de plus en plus d'Etats de garantir l'accès à l'asile tout en limitant la propagation du coronavirus sur leur territoire.
Les Etats et le HCR ont rassemblé 1,3 million de demandes d'asile, un million de moins que l'année précédente. L'année dernière également, plus de 3 millions de déplacés et plus de 250'000 réfugiés ont pu rentrer chez eux, une baisse de 40 et 21% sur un an. Près de 34'000 réfugiés au total ont de leur côté été naturalisés. Et un nombre assez similaire, le plus bas en une vingtaine d'années, ont été réinstallés dans un pays tiers. «C'est une honte», estime le Haut Commissaire.