Droits humainsLe Pakistan en appelle à l'ONU au Cachemire
ATS
10.9.2019 - 16:38
Le Pakistan n'exclut pas que la détérioration au Cachemire indien provoque une «guerre accidentelle» avec New Delhi. Il a appelé mardi à Genève «le monde» à ne «pas rester silencieux» et demande une commission d'enquête internationale face à un risque de «génocide».
Devant quelques journalistes, le ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi n'a pas exclu un «risque de guerre» avec New Delhi après l'annulation de l'autonomie au Cachemire indien début août. Si Islamabad est ouvert à une médiation, «je ne vois pas d'espoir de dialogue bilatéral dans un futur proche», a-t-il également expliqué, après un discours vigoureux devant le Conseil des droits de l'homme.
Pour autant, le Pakistan n'ouvrira pas les feux en premier et fera tout pour éviter une dégradation vers un conflit armé. Mais en cas d'attitude hostile du gouvernement de Narendra Modi qui pourrait, selon Islamabad, prétexter la lutte contre l'extrémisme, «nous répondrons par la force», a-t-il assuré. Un peu plus tard, l'Inde a justifié devant le Conseil le dispositif actuel au Cachemire par des mesures de prévention contre le terrorisme.
Comme son Premier ministre Imran Khan avant lui, M. Qureshi a redouté, devant les Etats membres, le scénario d'un «génocide» contre la population musulmane dans le territoire indien. Une ONG américaine considère déjà que les dix étapes génocidaires ont été franchies dans l'ancienne région autonome, a-t-il ajouté.
Pakistan ciblé par l'Inde
Depuis la révocation du statut d'autonomie du Cachemire indien, la population n'a plus accès à Internet et s'est vue imposer des restrictions supplémentaires. Elle habite «la plus grande prison au monde», a insisté le ministre pakistanais. Des milliers de personnes ont notamment été arrêtées.
Le Pakistan conteste les déclarations de New Delhi selon lesquelles cette situation relève des affaires intérieures indiennes. M. Qureshi appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à l'action. Il demande également au Conseil des droits de l'homme d'établir une commission d'enquête internationale, conformément aux recommandations du Haut-Commissariat aux droits de l'homme d'un tel mécanisme au Cachemire, aussi bien côté indien que pakistanais.
Le Pakistan est prêt à accueillir ces enquêteurs et demande à New Delhi de s'engager sur un accès entrave pour eux, pour le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et pour les Etats membres. D'autant plus si l'Inde considère que la situation au Cachemire est normale, dit-il. D'autres experts indépendants de l'ONU devraient pouvoir surveiller la situation, ajoute-t-il.
Selon lui, les actions indiennes dans la région disputée violent plusieurs résolutions du Conseil de sécurité, le droit international humanitaire (DIH) et les droits humains. L'Inde a ciblé des déclarations «offensantes» et agressives», venant d'un Etat qui accueille des terroristes.
Bachelet aussi préoccupée
«Aucun pays ne peut accepter l'ingérence dans ses affaires intérieures», a-t-elle répété. Et New Delhi de garantir encore que des «politiques progressistes» votées récemment par le Parlement seront appliquées à tous les citoyens du Cachemire.
La discussion «est très difficile, très politisée», avait insisté vendredi l'ambassadeur suisse auprès de l'ONU à Genève, Valentin Zellweger. Dans cette passe d'armes verbale, le vice-ministre indien des Affaires étrangères est aussi attendu à Genève pendant les trois semaines de travaux de l'instance onusienne. Lundi, la Haute commissaire aux droits de l'homme Michelle Bachelet s'était dite «très inquiète» après les actions lancées récemment par l'Inde.
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