«Non, je ne suis pas pro-Poutine»Le pape dénonce la férocité de la Russie
ATS
14.6.2022 - 14:01
Le pape François a fustigé la «férocité» des troupes russes face à un peuple ukrainien «courageux». Il a aussi affirmé que la guerre a «pu être provoquée».
14.06.2022, 14:01
ATS
Dans un entretien avec des revues jésuites européennes réalisé le mois dernier et publié mardi par la revue italienne La Civilta Cattolica, le souverain pontife s'est refusé à «réduire» le conflit en cours à «une distinction entre les bons et les méchants».
«Ce que nous voyons, c'est la brutalité et la férocité avec lesquelles cette guerre est menée par les troupes, généralement des mercenaires, utilisés par les Russes. Les Russes préfèrent envoyer des Tchétchènes, des Syriens, des mercenaires», a déploré François, qui a multiplié les appels à la paix depuis l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février.
«Mais le danger est que nous ne voyons que cela, qui est monstrueux, sans voir tout le drame qui se joue derrière cette guerre, qui a peut-être été, d'une certaine manière, provoquée ou non empêchée», a-t-il nuancé, avant de condamner à nouveau l'industrie de l'armement.
«On pourrait me dire à ce stade: 'Mais vous êtes pro-Poutine!' Non, je ne le suis pas. Il serait simpliste et erroné de dire une telle chose», a ajouté le chef spirituel des catholiques, qui a jugé nécessaire de «raisonner sur les racines et les intérêts» de ce conflit «qui sont très complexes».
Un mauvais calcul
«Il est également vrai que les Russes pensaient que tout serait terminé en une semaine. Mais ils ont fait un mauvais calcul. Ils ont trouvé un peuple courageux, un peuple qui se bat pour survivre et qui a une histoire de lutte», a encore affirmé le pape argentin de 85 ans.
«Pour moi aujourd'hui, la Troisième guerre mondiale a été déclarée. Et c'est une chose qui devrait nous faire réfléchir. Qu'arrive-t-il à l'humanité qui a connu trois guerres mondiales en un siècle?», s'est interrogé François.
Le pape a également confié avoir été averti, «quelques mois avant le début de la guerre», par «un chef d'Etat». Ce chef d'Etat, «un sage, qui parle peu», selon François qui ne l'a pas identifié, «était très préoccupé par la façon dont l'Otan évoluait».
«Je lui ai demandé pourquoi, et il m'a répondu: 'Ils aboient aux portes de la Russie. Et ils ne comprennent pas que les Russes sont (une puissance) impériale et ne permettent à aucune puissance étrangère de les approcher'. Il a conclu 'La situation pourrait mener à la guerre'», a raconté le Saint-Père.
Le 3 mai, dans un entretien au quotidien italien Corriere della Sera, le pape avait lui-même évoqué une «colère» du Kremlin ayant pu être «facilitée» par «les aboiements de l'Otan à la porte de la Russie».