Une visite «à point nommé» Le pape à la rencontre des déplacés du Soudan du Sud

ATS

4.2.2023 - 13:32

Le souverain pontife s'est exprimé samedi matin devant les évêques, prêtres et religieux catholiques à la Cathédrale Sainte-Thérèse de Juba, capitale du Soudan du Sud. L'après-midi, il doit rencontrer des migrants.

Un jeune garçon tenant un drapeau du Vatican s'assoupit en attendant l'arrivée du pape François à la cathédrale Sainte-Thérèse de Juba, au Sud-Soudan, samedi.
Un jeune garçon tenant un drapeau du Vatican s'assoupit en attendant l'arrivée du pape François à la cathédrale Sainte-Thérèse de Juba, au Sud-Soudan, samedi.
ATS

Keystone-SDA

Le pape François doit rencontrer samedi des déplacés internes au Soudan du Sud, après avoir exhorté ses dirigeants à «un nouveau sursaut» en faveur de la paix dans un pays déchiré par les luttes de pouvoir et l'extrême pauvreté.

Samedi matin, arrivé en fauteuil roulant au milieu des chants, le pape a demandé aux religieux de «marcher au milieu de la souffrance et des larmes» et de «se salir les mains pour les gens».

Quelque 4000 personnes se sont rassemblées, selon les autorités, très tôt pour attendre le souverain pontife dans la cour de la Cathédrale Sainte-Thérèse, beaucoup agitant des drapeaux nationaux et lançant des youyous, dans une ambiance festive.

«Nous sommes venus ici pour recevoir ses bénédictions. Tout est question de paix. Le pape François n'arrive même pas à marcher, mais il vient quand même ici pour encourager nos dirigeants», a déclaré à l'AFP John Makuei, 24 ans.

380'000 morts en six ans

De 2013 à 2018, ce pays de 12 millions d'habitants a été en proie à une guerre civile sanglante entre les partisans des deux leaders ennemis Salva Kiir et Riek Machar, qui a fait 380'000 morts.

Malgré un accord de paix signé en 2018, les violences perdurent et le pays comptait en décembre 2,2 millions de déplacés internes, en raison des conflits et des inondations, selon les derniers chiffres publiés par l'organisme onusien OCHA.

Très attaché à la défense des migrants, le pape argentin s'adressera aindi à certains d'entre eux lors d'une rencontre samedi après-midi.

En fin de journée, François prononcera son troisième et dernier discours du jour à l'occasion d'une prière oecuménique au côté de l'archevêque de Canterbury Justin Welby, chef spirituel de l'Eglise anglicane, et de Iain Greenshields, personnalité la plus importante de l'Eglise d'Ecosse.

«Assez de destructions»

La veille, déjà accompagné de ses deux homologues, représentants des deux autres confessions chrétiennes du plus jeune Etat du monde, le pape n'a pas mâché ses mots devant la classe politique de ce pays aux 60 groupes ethniques, où sévissent la misère et la famine. François a estimé que le «chemin tortueux» de la paix ne pouvait «plus être reporté», lors d'un discours très politique dans la capitale Juba.

«Les générations futures honoreront ou effaceront la mémoire de vos noms en fonction de ce que vous faites maintenant», a prévenu le pape de 86 ans, conscient de ses mots «francs et directs».

Ce «pèlerinage de paix» est la toute première visite papale au Soudan du Sud depuis que la nation à majorité chrétienne a obtenu son indépendance du Soudan en 2011.

L'Eglise joue un rôle de substitution dans des zones sans aucun service gouvernemental et où les humanitaires sont souvent attaqués, voire tués.

L'ONG Human Rights Watch a appelé vendredi les dirigeants religieux à faire pression sur les dirigeants du Soudan du Sud pour «régler la crise actuelle des droits humains dans le pays et l'impunité généralisée».

Prisonniers graciés

«La visite du pape arrive à point nommé et renforcera les efforts régionaux. Nous appelons les dirigeants et le peuple du Soudan du Sud à tenir compte de son appel à une paix et une stabilité durables», a écrit dans un tweet Workneh Gebeyehu, secrétaire exécutif de l'IGAD, alliance régionale regroupant des pays d'Afrique de l'Est, dont le Soudan du Sud.

Après sa rencontre avec le pape, Salva Kiir a annoncé dans un décret qu'il graciait 71 prisonniers, dont 36 condamnés à mort, mais sans donner davantage de détails.

En 2019, un an après un accord de paix, François avait reçu les deux frères ennemis au Vatican et s'était agenouillé pour leur embrasser les pieds en les suppliant de faire la paix, un geste symbolique fort qui avait marqué les esprits.

Ce déplacement fait suite à une visite de quatre jours à Kinshasa.

Le pape y a condamné les «atroces cruautés» perpétrées dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où les exactions de groupes armés ont tué des centaines de milliers de personnes et jeté des millions d'autres sur les routes.

Initialement prévue à l'été 2022 puis reportée, cette visite est la 40e du pape argentin à l'étranger depuis son élection en 2013, et la troisième en Afrique subsaharienne.