Destitution en Albanie«Il a trahi la mission de président»
ats
9.6.2021 - 18:11
Le Parlement albanais a voté mercredi la destitution du président du pays Ilir Meta. Ce dernier est accusé par une commission d'enquête d'avoir violé la Constitution par sa participation à la campagne électorale lors des législatives d'avril, alors qu'il est sensé être neutre.
Cette décision n'est toutefois pas définitive et M. Meta, 52 ans, exercera ses fonctions en attendant l'avis de la Cour constitutionnelle qui doit se prononcer dans un délai de trois mois.
Ilir Meta, qui exerce depuis 2017 les fonctions principalement honorifiques de chef de l'Etat, avait au cours de la campagne électorale échangé des piques avec le Premier ministre Edi Rama, dont le Parti socialiste a remporté la victoire aux législatives d'avril. Il avait accusé M. Rama d'autoritarisme et de corruption, des attaques rejetées par le Premier ministre.
Après le scrutin, une commission parlementaire a été mise en place pour enquêter sur le comportement du président dans la campagne. Selon son rapport présenté mercredi, le président Meta «a violé 16 articles de la Constitution» en «s'engageant ouvertement lors d'élections législatives du 25 avril en faveur de l'opposition», et «et il doit pour cette raison être démis de ses fonctions».
Sa destitution a été approuvée par 104 députés sur 121. Son cabinet a aussitôt qualifié ce vote de «décision anticonstitutionnelle et ridicule», «un dernier pas du crime électoral» lors du scrutin dont les résultats sont toujours contestés par l'opposition.
Ilir Meta avait déjà fait savoir auparavant qu'il entendait rester à son poste jusqu'au dernier jour du mandat, à savoir le 24 juillet 2022.
Ennemi juré
«Ilir Meta a trahi la mission de président de la République, il a humilié la Constitution, a effondré l'institution de garant de l'unité nationale et il a perdu le droit de rester à son poste», a affirmé Edi Rama avant le vote.
Ancien Premier ministre et membre du Parti socialiste, M. Meta avait quitté cette formation pour former en 2004 le Mouvement socialiste d'intégration. Il est devenu l'ennemi juré d'Edi Rama.