Marine Le Pen Marine Le Pen : «Nous ne reviendrons pas au Front national»

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5.7.2021 - 00:06

Marine Le Pen a été réélue sans surprise dimanche à la tête du Rassemblement national. Elle a exhorté ses militants réunis en congrès à Perpignan à «aller chercher la victoire» à la présidentielle, sans évoquer sa défaite aux régionales.

Marine Le Pen a été réélue sans surprise dimanche à la tête du Rassemblement national. (archives).
Marine Le Pen a été réélue sans surprise dimanche à la tête du Rassemblement national. (archives).
KEYSTONE/EPA/IAN LANGSDON

Keystone-SDA, br

«Une victoire contre tout un système coalisé se bâtit, se construit, se conquiert et cette victoire, nous allons la chercher», a lancé la candidate à l'Elysée au millier de militants qui scandaient «Marine présidente».

«Nous ne reviendrons pas au Front national», a-t-elle affirmé en souhaitant continuer à «ouvrir» son parti à d'autres forces politiques, derrière un pupitre où était écrit «s'unir pour la France». Marine Le Pen avait rebaptisé en 2018 le Front national en Rassemblement national dans le but d'en faire un parti de gouvernement.

Avant son discours, elle s'était dite «extrêmement combative et déterminée» et pas du tout «découragée» après l'échec aux régionales, qui a pourtant suscité des critiques en interne et à la périphérie du parti sur son fonctionnement, son implantation locale, ou sa ligne de «normalisation».

Réélue pour un quatrième mandat avec 98% des voix, elle a aussi assuré que sa ligne de rassemblement «était parfaitement validée» par les nouvelles instances, présentées dimanche, qu'elle a «féminisées» et ouvertes à des «personnalités d'ouverture».

«Paix civile»

Elle a souhaité porter un «projet de paix civile» et être la candidate «des solutions concrètes» car «il n'y a pas de bonheur possible si le pays s'efface ou pire s'effondre», a-t-elle lancé dans une allusion au potentiel candidat en 2022 Eric Zemmour dont elle conteste la «croyance dans la guerre civile».

«Jamais nous ne mettrons un genou à terre», a-t-elle conclu en référence à la bataille électorale à venir. Ce geste est devenu le symbole de l'opposition aux discriminations raciales.

«Rien n'est perdu, il y a encore un chemin» vers la victoire, avait assuré samedi le numéro deux du parti Jordan Bardella, très applaudi et devenu dimanche le «premier vice-président» du parti. Il sera amené à ce poste à remplacer en septembre Marine Le Pen à la tête du RN le temps de la campagne présidentielle. Le maire de Perpignan Louis Aliot, qui convoitait aussi cette fonction, a été nommé vice-président tout comme le maire d'Hénin-Beaumont Steeve Briois.

La dirigeante d'extrême droite a dénoncé à nouveau «le joug de plus en plus lourd» de l'Union européenne et son «pacte de submersion» migratoire. Jordan Bardella a été le mieux élu au conseil national ("parlement» du parti), devant Louis Aliot, Steeve Briois, l'eurodéputé Nicolas Bay et le maire de Fréjus David Rachline.

Le bureau national (BN, direction élargie) est porté de 40 à 45 membres, dont deux invités permanents qui n'ont pas leur carte au RN: le président du parti localiste Hervé Juvin et l'ancien ministre sarkozyste Thierry Mariani.

Pas très mobilisateur

Le discours de Marine Le Pen «n'était pas très mobilisateur, et fait comme s'il ne s'était rien passé» aux régionales dont le RN est une nouvelle fois sorti bredouille et avec 30% d'élus régionaux en moins, a estimé le politologue Jean-Yaves Camus.

Quant à la nouvelle direction, il voit «un resserrement autour des conseillers habituels de Marine Le Pen» et «personne qui porte une ligne d'opposition». «On est plus dans l'enfermement clanique que dans l'ouverture», a persiflé un cadre du parti.

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a estimé sur Radio J qu'il n'y avait «pas de ligne» au RN quand Marine Le Pen dans une usine tient «un discours quasi trotskiste» et ensuite explique «qu'il faut rembourser la dette», ou quand elle ne veut «plus sortir de l'UE» après avoir «fustigé l'Europe en permanence».