France Le Pen joue son va-tout face à Macron

hl

21.4.2022 - 20:32

En position de challenger, Marine Le Pen s'en est pris avec virulence au favori Emmanuel Macron jeudi soir lors de son ultime meeting de la campagne présidentielle. Elle a joué son va-tout à trois jours du scrutin.

Keystone-SDA, hl

Au lendemain d'un débat télévisé musclé mais plutôt respectueux, la candidate RN a lâché la bride accusant son rival à la présidentielle de «ne pas aimer les Français».

«On a vu un Emmanuel Macron nonchalant, condescendant et d'une arrogance sans limites», a affirmé Mme Le Pen à Arras, dans le Pas-de-Calais, devant quelque 3000 militants gonflés à bloc. «Un président ne devrait pas se tenir comme cela», a-t-elle ajouté dans un discours aux accents très antisystème.

«J'en ai assez, comme vous, de cet irrespect permanent. Chacun, hier soir, a compris qu'Emmanuel Macron n'aimait pas les Français tout particulièrement ceux qui ne sont pas d'accord avec sa politique», a-t-elle affirmé, dénonçant un bilan «accablant» et comparant le scrutin de dimanche à un référendum à la question «Macron ou la France?».

«Débat respectueux»

Plus tôt dans la journée, à Roye dans la Somme, elle avait déjà fustigé le bilan du président sortant, en marge d'une rencontre avec des transporteurs routiers.

Emmanuel Macron, qui a répété jeudi que «rien n'est joué», a rejeté ces critiques, et accusé en retour sa rivale de n'avoir «plus d'autres arguments» avant le second tour de la présidentielle dimanche. «On a eu 2h30 d'un débat qui a été respectueux», a affirmé le candidat président durant un bain de foule à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

«On a eu beaucoup de respect l'un pour l'autre mais avec le fait qu'on (se) combat» sur deux projets qui ne sont «pas conciliables», a-t-il ajouté. Et «quand il n'y a plus d'arguments à opposer, on va en chercher d'autres», a-t-il poursuivi.

«Statu quo»

Selon les experts, le chef de l'Etat a réussi mercredi soir à maîtriser voire dépasser le handicap traditionnel du sortant qui doit défendre son bilan, face à une candidate du RN en net progrès par rapport à son débat raté de 2017, mais souvent sur la défensive et freinée dans ses attaques par sa volonté de lisser son image.

A Bordeaux, Mathieu Sescosse, 40 ans, salarié dans l'informatique, a «regardé jusqu'à 23h et des brouettes». Verdict? «Pour moi, c'est le statu quo, ça ne fera pas bouger les lignes». Et de regretter que «des sujets sur l'urgence écologique n'ont pas été suffisamment abordés».

Le débat a été regardé par près de 15,6 millions de téléspectateurs, la pire audience de ce format depuis sa création en 1974, selon Médiamétrie.

«Vous n'êtes pas arrogant»

Emmanuel Macron, invité en soirée du journal de France 2, a lui passé la journée dans le bastion de la gauche de la Seine-Saint-Denis, une visite consacrée à la problématique des «logements insalubres et de la rénovation urbaine» dans le département le plus pauvre de la métropole parisienne.

La Seine-Saint-Denis, qui a enregistré le 10 avril le taux d'abstention le plus élevé de France métropolitaine, a placé le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon largement en tête (49,09%) devant Emmanuel Macron (20,27%).

Les électeurs du leader LFI, arrivé en troisième position avec près de 22% au plan national au 1er tour, sont particulièrement courtisés par les deux finalistes.

A Saint-Denis, des habitants présents autour d'Emmanuel Macron l'ont défendu. «Vous n'êtes pas arrogant», a lancé un homme. «Pas du tout!», a renchéri une femme. «M. Macron, faut pas nous abandonner, faut pas la laisser passer», a crié un homme en faisant référence à la candidate d'extrême droite.

«Peste et choléra»

Regrettant d'être obligée de «choisir entre la peste et le choléra» au second tour, une femme l'a appelé à «un peu plus de modestie» et à se mettre «à notre niveau car on n'en a pas l'impression». «Mais je viens ici», lui a-t-il répondu. «Oui mais à la dernière minute», selon elle.

En choisissant des régions populaires – Seine-Saint-Denis et Hauts-de-France -, les deux adversaires ont pour objectif de mieux répondre à la préoccupation numéro un des Français, le pouvoir d'achat, frappé par les répercussions de la guerre en Ukraine sur les prix de l'énergie et de l'alimentation.

Un thème sur lequel ils se sont affrontés lors du débat de près de trois heures de mercredi, le président-candidat défendant le «bouclier» actuel et son projet de «chèque alimentaire», la seconde prônant une baisse de la TVA. Dans la dernière ligne droite, M. Macron creuse l'écart dans les sondages. Selon une enquête publiée jeudi soir, il l'emporterait dimanche par 57,5% des voix contre 42,5% pour Marine Le Pen.

Il tiendra son dernier rassemblement de campagne vendredi à Figeac (Lot) dans un département qui avait voté massivement pour lui en 2017. Quant à Mme Le Pen, elle mettra un point final à sa campagne à Abbeville, dans la Somme.

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