EthiopieLe Premier ministre accuse les rebelles oromo d'un nouveau massacre de civils
ATS
4.7.2022 - 23:11
La région éthiopienne de l'Oromia a été le théâtre d'un nouveau massacre de civils, a annoncé lundi soir, sans donner de bilan, le Premier ministre Abiy Ahmed. Il accuse les rebelles de l'Armée de libération Oromo (OLA).
Keystone-SDA
04.07.2022, 23:11
ATS
Il n'était pas possible dans l'immédiat de vérifier cette information et d'obtenir des détails. Le réseau de télécommunications est coupé dans la zone concernée, située dans l'extrême ouest de l'Ethiopie et frontalière du Soudan du Sud.
«Des citoyens vivant dans la zone administrative de Qellem Wollega, dans l'Etat régional de l'Oromia ont été massacrés», a tweeté M. Abiy sur son compte officiel, sans préciser la date des faits ou leur localisation exacte.
Il a accusé l'OLA, qui combat le gouvernement fédéral en Oromia depuis 2018 et est classée «organisation terroriste» par les autorités éthiopiennes, d'avoir perpétré la tuerie «au cours de sa fuite», après avoir été «écrasée par les forces de sécurité». «Nous poursuivrons ce groupe terroriste jusqu'au bout et nous l'éradiquerons», a-t-il promis.
Jusqu'à 300 enlevés
L'Association amhara d'Amérique (AAA), basée aux Etats-Unis, a indiqué dans un message à l'AFP que la tuerie avait commencé ce lundi vers 06h00 au Mender (village, en amharique) 20, situé dans le woreda (district) de Hawa Gelan et visait des Amhara, deuxième communauté ethno-linguistique du pays, minoritaire en Oromia.
«Un de nos enquêteurs a pu parler à trois témoins qui se cachaient dans une forêt proche», a précisé l'AAA. La tuerie «était en cours quand il leur a parlé vers midi; depuis 13h00 environ, le réseau est coupé».
L'Amhara Media Corporation, média du gouvernement de la région de l'Amhara, a diffusé le témoignage anonyme d'un survivant du massacre, le situant également au village 20. «Personne n'est venu à notre secours» durant la tuerie qui a commencé vers 05h00 et a duré plusieurs heures, a-t-il affirmé.
Les assaillants sont partis et «actuellement les corps sont en train d'être ramassés, jusqu'ici environ 300 ont été enlevés, mais ce n'est que le début, il reste beaucoup de gens non localisés», a-t-il ajouté.
Dénonciation internationale
Le 18 juin, des hommes armés avaient massacré des centaines de civils, en majorité amhara, dans le hameau de Tole, situé dans la zone de Ouest Wollega, voisine de celle Qellem Wollega, en Oromia. Aucun bilan officiel n'a été publié, mais Billene Seyoum, une porte-parole du Premier ministre, a indiqué le 30 juin à la presse que 338 victimes avaient d'ores et déjà été identifiées.
Les autorités et des survivants ont accusé l'OLA qui a démenti, mettant en cause une milice progouvernementale. La Haute-Commissaire de l'ONU aux droits humains, Michelle Bachelet, a demandé aux autorités éthiopiennes une enquête «impartiale et approfondie».
Lundi matin, Human Rights Watch (HRW) a dénoncé un «cycle persistant de violences» tant de la part des forces de sécurité que des rebelles contre les civils en Oromia, «pris au piège» d'une «violente campagne gouvernementale de contre-insurrection» contre l'OLA.
Le conflit qui oppose depuis novembre 2020 le gouvernement aux rebelles du Tigré, dans le nord de l'Ethiopie, éclipse ces violences en Oromia, où «règne une impunité généralisée», selon l'organisation.