SoudanLe Premier ministre de retour, la rue bouillonne toujours
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21.11.2021 - 15:17
Le Premier ministre Abdallah Hamdok, écarté lors du coup d'Etat militaire au Soudan, a retrouvé dimanche son poste après un accord avec le général Abdel Fattah al-Burhane. L'entente n'a pas calmé les Soudanais qui ont continué à manifester par milliers contre le putsch.
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21.11.2021, 15:17
21.11.2021, 15:22
ATS
Au palais présidentiel à Khartoum, devant lequel les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants criant «Non au pouvoir militaire», M. Hamdok et le général Burhane, auteur du coup d'Etat du 25 octobre, ont signé l'accord pour partager ensemble le pouvoir. Ils ont promis de remettre la transition vers la démocratie sur les rails.
Mais déjà, les organisations qui avaient mené la révolte de 2019 ayant mis fin à 30 ans de dictature militaro-islamiste d'Omar el-Béchir, ont annoncé refuser «tout accord qui permettra aux putschistes de rester au sein d'une quelconque autorité de transition», selon les termes de l'Association des professionnels soudanais, fer de lance de la contestation de 2019.
Des cortèges de manifestants ont défilé dans plusieurs villes du pays, et la police a tiré des grenades lacrymogènes sur les protestataires devant le palais présidentiel à Khartoum, l'ancien palais de Béchir devenu siège des autorités de transition, et à Kassala (est), ont constaté des correspondants de l'AFP.
Cette nouvelle mobilisation a lieu malgré la répression des manifestations qui a fait 40 morts et des centaines de blessés depuis le putsch, selon des médecins.
Après la signature solennelle et lors de sa première apparition publique depuis le putsch, M. Hamdok a promis dans une courte allocution de «faire cesser avant toute chose l'effusion de sang au Soudan».
Le général Burhane, lui, l'a «remercié pour sa patience», alors que M. Burhane, un ancien économiste onusien, n'a retrouvé que dimanche matin sa liberté de mouvement après environ un mois de résidence surveillée. En vertu de l'accord, les ministres et dirigeants civils arrêtés le 25 octobre seront aussi libérés, à une daté non précisée.
Les manifestants, eux, continuent à dire «Non au pouvoir militaire» et «Burhane dégage», malgré le retour à des autorités de transition civilo-militaires. Ils sont sortis par milliers à Khartoum et dans sa banlieue, à Port-Soudan et Kassala (est) ou encore à Atbara (nord), dans un pays quasiment en continu sous la férule de l'armée depuis son indépendance il y a 65 ans.
Depuis le putsch, ambassadeurs occidentaux, négociateurs onusiens ou africains et personnalités de la société civile soudanaise avaient multiplié les rencontres avec civils et militaires pour relancer une transition censée mener le pays vers des élections libres en 2023 après le renversement de Béchir, écarté par l'armée sous la pression de la rue.
Mais comme au premier jour du putsch, les Forces de la liberté et du changement (FLC), principal bloc pro-civils au Soudan dont le général Burhane a fait effacer toute mention des textes encadrant la transition, ont immédiatement rejeté l'accord.
«Racines de la crise»
«Nous réaffirmons clairement qu'il n'y a pas de négociation, ni de partenariat» avec «les putschistes», ont affirmé les FLC, appelant à traduire les généraux en justice pour la répression sanglante des manifestations.
Et pour ajouter à l'imbroglio, le parti Oumma, dont est pourtant issu Fadlallah Burma, l'un des médiateurs ayant arraché l'accord à l'armée et à M. Hamdok, a affirmé «refuser tout accord politique qui ne s'attaque pas aux racines de la crise créée par le putsch militaire».
Quelques jours avant l'annonce de l'accord, le général Burhane semblait pourtant déterminé à laisser le pouvoir aux mains des militaires malgré les appels de la communauté internationale et des manifestants à un retour du pouvoir civil. Il s'est ainsi renommé à la tête du Conseil de souveraineté, plus haute autorité de la transition, avec son second le général Mohammed Hamdane Daglo, après y avoir remplacé les membres pro-civils par des civils apolitiques.
Depuis le 25 octobre, les Soudanais sont descendus plusieurs fois par dizaines de milliers dans les rues pour exiger le retour du pouvoir civil. Et la communauté internationale a régulièrement dénoncé la répression, appelant à remettre la transition démocratique sur les rails.
La police assure elle n'avoir jamais ouvert le feu et ne recense officiellement qu'un seul mort et 30 blessés parmi les manifestants du fait, selon elle, du gaz lacrymogène.