DéfenseLe Premier ministre néerlandais Mark Rutte nommé chef de l'Otan
ATS
26.6.2024 - 12:13
Les 32 pays de l'Otan ont nommé mercredi le Premier ministre néerlandais Mark Rutte comme prochain secrétaire général. Cette désignation intervient à un moment crucial pour l'Alliance alors que la Russie poursuit sa guerre en Ukraine.
Keystone-SDA
26.06.2024, 12:13
ATS
M. Rutte, 57 ans, prendra ses fonctions le 1er octobre, en remplacement Jens Stoltenberg, en poste depuis dix ans. «Je sais que je laisserai l'Otan entre de bonnes mains», a réagi le Norvégien sur le réseau social X. «Mark est un vrai défenseur des relations transatlantiques, un dirigeant fort et un bâtisseur de consensus».
Sa nomination a par ailleurs été immédiatement saluée par Kiev. «Votre leadership et votre attachement aux principes démocratiques sont cruciaux pour notre avenir commun», a écrit le chef de l'administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak.
«Votre leadership et votre expérience seront cruciaux pour l'Alliance durant cette période difficile», a réagi de son côté la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, appelant de ses voeux un renforcement du partenariat entre l'UE et l'Otan.
Soutien rapide
Devenu Premier ministre en 2010, M. Rutte devrait quitter ses fonctions le 2 juillet après la prestation de serment du nouveau gouvernement néerlandais prévue à cette date.
Ce vétéran de la politique européenne a très vite obtenu le soutien des pays les plus importants de l'Alliance, à commencer par les Etats-Unis. Sa nomination n'était plus qu'une formalité après le retrait de la candidature du président roumain Klaus Iohannis la semaine dernière.
Dernier pays à le défendre, la Hongrie, avait annoncé soutenir le Premier ministre néerlandais, après avoir obtenu la garantie qu'elle continuerait à être dispensé de toute aide militaire à l'Ukraine. Budapest est en Europe le pays le plus proche de la Russie de Vladimir Poutine.
«Trump whisperer»
Outre la menace russe, le dirigeant néerlandais devra composer avec le résultat des élections américaines de novembre. Les Etats-Unis représentent à eux seuls la moitié du poids militaire de l'Alliance.
La perspective d'un retour de Donald Trump à la Maison Blanche hante les couloirs de l'Otan à Bruxelles. Notoirement méfiant à l'égard de l'Alliance, qu'il a qualifiée d'"obsolète», le républicain a multiplié les critiques contre les alliés européens, accusés de ne pas dépenser assez pour leur défense.
Un meilleur «partage du fardeau» est une revendication américaine constante et M. Rutte a souligné à plusieurs reprises que M. Trump avait raison de critiquer l'inertie des Européens en la matière.
Ces remarques lui ont valu le titre de «Trump whisperer», «l'homme qui murmure à l'oreille de Trump». Cette capacité supposé à amadouer l'ancien président américain a incontestablement joué en sa faveur.
Les Pays-Bas de Mark Rutte se sont pourtant montrés peu pressés de respecter l'engagement pris en 2014 par les pays de l'Otan de consacrer au moins 2% de leur Produit intérieur brut (PIB) aux dépenses militaires. Cet objectif n'a été atteint que cette année.
«Habileté politique»
M. Rutte est en revanche un ardent défenseur de l'Ukraine. La Haye a signé cette année un accord portant sur deux milliards d'euros d'assistance militaire sur 10 ans, ajoutant ensuite un milliard supplémentaire. Les Pays-Bas ont aussi été le fer de lance des efforts visant à doter Kiev d'avions de combat F-16, une décision qualifiée d'"historique» par le président Volodymyr Zelensky.
«Grâce à ses années d'expérience dans la politique néerlandaise et sur la scène internationale, Rutte a développé une véritable capacité à trouver des équilibres», explique Philippe Dickinson, de l'Atlantic Council. «Cette habileté politique sera mise à l'épreuve à un niveau sans précédent dans les années à venir».