Brésil Le président brésilien «doit partir»

ATS

26.9.2019 - 01:45

«Bolsonaro dit que je ne suis pas un leader, mais c'est lui qui n'est pas un leader et il doit partir. Pour le bien de tous, avant que quelque chose de grave n'arrive», a affirmé le chef indien de 89 ans Raoni lors d'une conférence de presse dans une salle du Congrès brésilien.
«Bolsonaro dit que je ne suis pas un leader, mais c'est lui qui n'est pas un leader et il doit partir. Pour le bien de tous, avant que quelque chose de grave n'arrive», a affirmé le chef indien de 89 ans Raoni lors d'une conférence de presse dans une salle du Congrès brésilien.
Source: KEYSTONE/AP/ERALDO PERES

«Bolsonaro doit partir», a lancé mercredi à Brasilia le chef indigène Raoni. Il répondait aux attaques du président brésilien, qui a remis en cause sa légitimité lors d'un discours à l'ONU, rejeté avec véhémence par les communautés autochtones du Brésil.

Ce discours, prononcé mardi en ouverture de l'assemblée générale de l'ONU à New York, a été considéré comme «agressif» par la plupart des journaux brésiliens, qui en faisaient leurs gros titres mercredi. Dans sa diatribe d'une trentaine de minutes lors de laquelle Jair Bolsonaro a défendu sur un ton martial la souveraineté du Brésil sur l'Amazonie en pointant du doigt l'attitude «coloniale» de certains pays dont la France, il a pris à partie le chef Raoni Metuktire.

«Très souvent, certains leaders indigènes, comme le cacique Raoni, sont instrumentalisés par des gouvernements étrangers dans la guerre de l'information qu'ils mènent pour faire avancer leurs intérêts en Amazonie», a lancé le président d'extrême droite, avant d'ajouter : «le monopole de Raoni sur l'Amazonie est terminé».

«Bolsonaro dit que je ne suis pas un leader, mais c'est lui qui n'est pas un leader et il doit partir. Pour le bien de tous, avant que quelque chose de grave n'arrive», a affirmé le chef indien de 89 ans lors d'une conférence de presse dans une salle du Congrès brésilien.

Pour le Prix Nobel

Flanqué de sa petite-fille Maial Kayapo, qui a fait office de traductrice, le célèbre cacique au plateau labial proéminent était également entouré de partisans, d'autres leaders indigènes et de parlementaires d'opposition criant «Raoni, Bolsonaro non!«.

«Mon combat est pour la préservation de l'environnement. (...) C'est un message de paix, je ne veux offenser personne. Je veux juste que tout le monde vive en bonne santé, en toute tranquillité», a déclaré le leader autochtone, tout juste revenu de New York.

Il y a deux semaines, la Fondation Darcy Ribeiro a proposé la candidature de Raoni au Prix Nobel de la Paix 2020. «Cette initiative reconnaît les mérites de Raoni Metuktire en tant que leader de renommée mondiale, qui, à l'aube de ses 90 ans, a dédié sa vie au combat pour les droits des indigènes et la préservation de l'Amazonie», a expliqué dans un communiqué cette fondation qui porte le nom d'un célèbre anthropologue brésilien.

«Attaque raciste et génocidaire»

Le Right Livelihood Award, considéré comme le «prix Nobel alternatif», a été décerné mercredi à autre leader indigène brésilien, Davi Kopenawa, de la tribu yanomami, récompensé au même titre que la jeune militante suédoise Greta Thunberg, égérie de la lutte contre le réchauffement climatique.

«C'est le résultat d'un combat de plus de 20 ans. Cela nous donnera plus de forces, de bonnes énergies pour continuer à préserver la nature et notre peuple», a confié par téléphone Davi Kopenawa à l'AFP. «Je n'ai pas peur de Bolsonaro, mais j'ai peur de la destruction qu'il peut causer. Je suis inquiet parce que le gouvernement veut favoriser l'usurpation de nos terres», a-t-il poursuivi.

Le collectif brésilien de leaders indigènes COIAB a manifesté mercredi son «rejet véhément» des propos de M. Bolsonaro devant l'ONU, considérés comme une «attaque raciste et génocidaire». «Nous ne sommes utilisés par personne, nous répondons à l'appel de notre mère la Terre!«, avait déjà rétorqué mardi Sonia Guajajara, une des responsables de ce collectif.

L'association Planète Amazone, poche du cacique Raoni, a également critiqué avec virulence le discours du président d'extrême droite, le qualifiant de «honte pour le Brésil et pour l'humanité». «Ce mardi 24 septembre restera comme un jour de triste mémoire, marqué par l'entrée du Brésil dans les ténèbres au regard de la diplomatie internationale, de la lutte contre le réchauffement climatique et de celle pour la préservation du monde vivant, dont dépend l'humanité», pouvait-on lire sur le site de cette ONG.

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