Le président par interim de la Tunisie Mohamed Ennaceur, lors d'une visite de la chancelière allemande Angela Merkel, il y a deux ans à Tunis.
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi est décédé jeudi à l'âge de 91 ans (archives).
Le président tunisien Essebsi est décédé
Le président par interim de la Tunisie Mohamed Ennaceur, lors d'une visite de la chancelière allemande Angela Merkel, il y a deux ans à Tunis.
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi est décédé jeudi à l'âge de 91 ans (archives).
Le premier président élu démocratiquement au suffrage universel en Tunisie, Béji Caïd Essebsi, est décédé jeudi à l'âge de 92 ans. Cela ouvre la voie à une élection présidentielle anticipée dans ce pays pionnier du Printemps arabe.
Aussitôt après son décès, le chef du Parlement Mohamed Ennaceur, 85 ans, a prêté serment pour assurer la présidence par intérim conformément à la Constitution.
La télévision nationale a arrêté ses programmes pour diffuser des versets du Coran et annoncer le décès du président qui avait été élu fin 2014, trois ans après la révolution qui chassa du pouvoir le président Zine el Abidine ben Ali.
Béji Caïd Essebsi est mort à quelques mois de la fin de son mandat en décembre, alors qu'un scrutin législatif est prévu le 6 octobre et une présidentielle le 17 novembre.
Présidentielle avancée
Mais le président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) a assuré que la date de la présidentielle serait avancée «afin de respecter le calendrier prévu par la Constitution». Celle-ci prévoit un intérim de 90 jours maximum, soit jusqu'à fin octobre.
De nombreux hommages ont afflué. Le président français Emmanuel Macron a rendu hommage à Essebsi, «un ami» de la France et «un dirigeant courageux». La chancelière allemande Angela Merkel a salué «un acteur courageux sur le chemin de la démocratie», et le président du Conseil italien Giuseppe Conte «un homme d'Etat d'une grande humanité». Le roi Mohammed VI du Maroc a rendu hommage «à «l'un des grands hommes de la Tunisie».
Deuil national
L'enterrement est prévu samedi, selon plusieurs médias locaux. Le Premier ministre Youssef Chahed a décrété un deuil national de sept jours, et ses services ont annoncé l'annulation de spectacles culturels et festivals.
Le chef de file du mouvement islamiste Ennahdha Rached Ghannouchi, un adversaire de Béji Caïd Essebsi devenu son allié, a rendu hommage à «un dictionnaire de la sagesse». «Nous appelons au calme (...) Le président «n'a pas laissé la Tunisie en guerre civile, le pays est entre de bonnes mains et il y a des institutions constitutionnelles», a dit M. Ghannouchi.
Vétéran de la politique, Béji Caïd Essebsi était le plus vieux chef d'Etat au monde en exercice après la reine Elizabeth II d'Angleterre. Il a servi aussi bien sous Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie, que sous Ben Ali, avant d'accéder lui-même à la présidence avec la mission paradoxale de consolider la jeune démocratie.
Vers la démocratisation
La Tunisie est le seul des pays arabes touchés par les contestations à poursuivre sur la voie de la démocratisation malgré les soubresauts politiques, la morosité économique et des attaques djihadistes sanglantes.
Béji Caïd Essebsi est décédé le jour où la Tunisie célèbre la proclamation de la République en 1957. Il avait été hospitalisé une première fois fin juin, le jour où deux attentats suicide avaient tué un policier à Tunis.
Son hospitalisation avait déclenché une vague d'inquiétude sur la fragilité des institutions tunisiennes. Mais après d'intenses tractations à l'Assemblée des représentants du Peuple, de nombreux débats et mises au point sur la transition politique ont calmé les esprits.
«Cette fois-ci, l'inquiétude est moins grande», estime l'analyste Michael Ayari, soulignant l'importance de respecter le calendrier prévu par la Constitution. Toute la classe politique doit assumer sa «responsabilité», ont réagi des représentants de la société civile.
Pays fragile
«L'Etat continue à fonctionner», a assuré à la télévision nationale M. Ennaceur, victime fin juin d'un malaise qui avait soulevé des inquiétudes sur son état de santé et sa capacité à remplacer Béji Caïd Essebsi en cas de vacance du pouvoir.
Ce proche du président décédé a été investi dans l'après-midi par le Parlement pour un intérim qui peut durer 45 à 90 jours. Huit ans après la révolution, la Tunisie reste fragile au plan économique et sécuritaire.
Malgré une reprise fragile de la croissance après des années de marasme, le pays peine à répondre aux attentes sociales et à faire baisser un chômage persistant à 15%.
Le pays a été frappé par de sanglantes attaques djihadistes ces dernières années, dont les plus meurtrières, revendiquées par le groupe Etat islamique (EI), ont eu lieu en 2015.
La situation s'est beaucoup améliorée depuis, mais des attaques ponctuelles subsistent. La Tunisie reste menacée par le chaos libyen à ses frontières, tandis que des migrants sont arrivés de Libye par centaines ces derniers mois.
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