Elections françaisesLe PS rejoint l'union des gauches voulue par Mélenchon
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6.5.2022 - 22:11
Malgré de profondes divergences, Jean-Luc Mélenchon a accompli le tour de force de réunir les principaux partis de gauche sous la bannière de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale. Cette aventure commune pose la question de la survie du PS.
Keystone-SDA, bas
06.05.2022, 22:11
ATS
Longtemps fantasmée et souvent qualifiée d'impossible, l'union des gauches est devenue une réalité dans la nuit de jeudi à vendredi lorsque le Conseil national du PS a adopté, au terme de débats parfois tendus, à 62% l'accord avec La France insoumise.
Ce changement d'orientation historique consacre un grand vainqueur: Jean-Luc Mélenchon qui, fort de ses 22% au premier tour de la présidentielle, a réussi son OPA sur la gauche, unissant sous un même drapeau le PS mais aussi les écologistes d'EELV et les communistes, dans la perspective des législatives de juin où il vise à devenir «Premier ministre». Dans l'immédiat, il ne sera pas lui-même candidat aux législatives, a-t-il précisé au 20H de France 2.
La photo de famille est prévue pour samedi lors d'une Convention d'investiture de la «Nouvelle union populaire écologique et sociale» (Nupes) à Aubervilliers, près de Paris. L'événement marque aussi une rupture profonde pour le PS, notamment par rapport au quinquennat Hollande, dont les conséquences à court et moyen terme restent indécises.
Fracture au PS
Le chef des négociateurs socialistes Pierre Jouvet s'est félicité vendredi de ce «rassemblement historique» qu'attendaient «les Français désespérés de cette désunion». «Nous avons prouvé que nous étions capables de converger vers un projet commun pour changer la vie des gens», s'est réjoui le représentant de la nouvelle vague du PS où une fracture générationnelle est clairement apparue ces derniers jours.
Avec, d'un côté, une jeune garde impatiente de nouer des accords sur les cendres du fiasco de la candidate socialiste Anne Hidalgo à la présidentielle (1,74%). Et, de l'autre, les «éléphants» comme François Hollande, Bernard Cazeneuve, Jean-Marc Ayrault ou Jean-Christophe Cambadélis, vent debout contre cette union avec M. Mélenchon qui ne les a jamais ménagés.
A LFI, on applaudit, à l'image de l'eurodéputée LFI Manon Aubry, que «le Parti socialiste renoue avec son Histoire, avec la bataille pour les grandes conquêtes sociales».
Le PS, «c'est fini»
Ce virage à gauche conduit le politologue (et ancien candidat LR aux régionales de 2015) Dominique Reynié à dire que le Parti socialiste, «c'est fini», du moins en tant que «formation de gouvernement, qui accède au pouvoir, qui gouverne, qui conduit les affaires publiques de façon raisonnable, qui peut mener des réformes».
«Le Parti socialiste désormais se retrouve dans le sillage lointain d'une force qui est une force protestataire, La France insoumise», a-t-il estimé sur BFMTV, rappelant les différences au départ énormes entre PS et LFI, notamment dans leur «rapport à l'Europe, à l'universalisme, à la République».
Plusieurs figures du PS se sont élevées contre ce «grand écart» sur plusieurs points programmatiques-clé, comblé au prix de nombreuses contorsions sémantiques. Certains ont d'ores et déjà appelé à «l'insoumission aux Insoumis» comme le sénateur Rachid Temal.
12% des circonscriptions
La puissante présidente de la région Occitanie Carole Delga, opposée à l'accord, s'inquiète, elle, du peu de circonscriptions réservées au PS (70 sur 577). Elle a prévenu qu'elle soutiendrait au cas par cas des candidats dissidents.
Or, à ce propos, Manon Aubry a rappelé que «chaque formation politique exclura toute personne qui voudra se présenter sous les couleurs politiques alors qu'il n'a pas été investi par notre nouvelle union populaire».
L'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve a déjà rendu sa carte du PS. Du côté de la majorité d'Emmanuel Macron, on s'empresse déjà à leur tendre la main.