L'Agence européenne des médicaments (EMA) s'est déclarée mardi «fermement convaincue» des avantages du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19. L'utilisation de ce produit est suspendue par plusieurs pays inquiets de possibles effets secondaires.
«Nous sommes toujours fermement convaincus que les avantages du vaccin AstraZeneca dans la prévention du Covid-19, avec son risque associé d'hospitalisation et de décès, l'emportent sur le risque de ces effets secondaires», a affirmé la directrice exécutive de l'EMA, Emer Cooke.
Elle a précisé que l'agence «examinait» les effets «indésirables associés à tous les vaccins», même si l'attention est pour le moment concentrée sur celui d'AstraZeneca.
La Suède, le Luxembourg, Chypre et la Lituanie ont allongé mardi la liste des pays ayant suspendu par précaution l'utilisation du vaccin AstraZeneca, après le signalement de problèmes sanguins détectés chez des personnes vaccinées, tels que des difficultés à coaguler ou la formation de caillots (thrombose).
«Processus continu»
«A l'heure actuelle, rien n'indique que la vaccination ait causé ces problèmes. Ils n'ont pas été mentionnés dans les essais cliniques et ils ne sont pas répertoriés comme effets secondaires connus ou attendus», a indiqué Mme Cooke, ajoutant que l'EMA prend la situation «très au sérieux». Les essais cliniques ont montré «de très petits nombres de développements de caillots sanguins».
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre italien Mario Draghi ont jugé «encourageantes» les déclarations de l'EMA, qui leur donnent «bon espoir» de voir reprendre la vaccination avec le produit d'AstraZeneca.
Le comité de sécurité de l'EMA se réunissait mardi pour évaluer de nouvelles informations et devrait arriver à une conclusion lors d'une réunion spéciale jeudi. «C'est donc un processus continu. Je ne suis pas ici pour vous donner la mise à jour d'un examen scientifique», a prévenu la directrice.
Le Groupe consultatif d'experts de l'OMS sur la vaccination se réunit lui aussi mardi pour discuter du vaccin développé par le laboratoire suédo-britannique et l'université d'Oxford. Comme l'EMA, l'agence onusienne avait recommandé lundi de continuer à l'administrer, soulignant qu'il n'y avait pas de «rapport» avéré à ce stade entre le vaccin et les problèmes sanguins observés.
Premier ministre vacciné
Le ministre français de la Santé Olivier Véran a assuré que ceux qui avaient déjà reçu une injection «ne sont pas en danger».
Au total, une quinzaine de pays ont suspendu par précaution l'utilisation du vaccin. Mais la Géorgie ou la Sierra Leone ont lancé lundi leur campagne avec ce vaccin, balayant les craintes d'effets secondaires. Et en Thaïlande, le Premier ministre Prayut Chan-O-Cha a reçu mardi la première dose d'AstraZeneca.
Au Canada, le comité scientifique conseillant le gouvernement a pour sa part élargi sa recommandation d'utilisation du vaccin AstraZeneca aux personnes âgées de 65 ans et plus. Jusqu'ici, il recommandait de limiter son emploi aux personnes de 18 à 64 ans.
Astrazeneca affirme qu'il n'y a «aucune preuve de risque aggravé» de caillot sanguin entraîné par son vaccin. Et le Premier ministre britannique Boris Johnson a assuré mardi que ce vaccin, largement administré au Royaume-Uni, était «sûr» et «extrêmement» efficace.
Baisse des livraisons
Pour AstraZeneca, ces déconvenues s'ajoutent à une nouvelle baisse de ses livraisons à l'Union européenne d'ici juin, que le laboratoire a été contraint d'annoncer en invoquant des problèmes d'exportations.
L'UE «n'exclut pas» des recours juridiques contre le laboratoire, a déclaré mardi le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune, en déplorant ces retards. L'UE attend par ailleurs «plus de 200 millions de doses» du vaccin Pfizer/BioNTech au deuxième trimestre, après un accord prévoyant une «accélération» des livraisons, a indiqué mardi la Commission.
AstraZeneca a de son côté annoncé un accord avec les Etats-Unis pour fournir au pays cette année jusqu'à 700'000 doses d'un traitement par anticorps en cours de développement contre le Covid-19.
Et le laboratoire américain Moderna a indiqué avoir commencé des essais de son vaccin sur des milliers d'enfants âgés de 6 mois à 11 ans, un essai clinique qui concerne un total prévu de 6750 enfants aux Etats-Unis et au Canada.