Iran Le revenant Ahmadinejad se lance dans la course à la présidentielle iranienne

ATS

12.5.2021 - 17:31

Mahmoud Ahmadinejad (à droite) a été acclamé par plusieurs dizaines de ses partisans.
Mahmoud Ahmadinejad (à droite) a été acclamé par plusieurs dizaines de ses partisans.
ATS

L'ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déposé mercredi sa candidature à la présidentielle de juin. Il semble toutefois avoir peu de chances de voir sa candidature validée par le Conseil des gardiens de la Constitution.

Keystone-SDA

Acclamé par plusieurs dizaines de ses partisans, l'ex-président populiste et ultraconservateur s'est rendu dans la matinée au ministère de l'Intérieur, où ceux qui veulent concourir à l'élection peuvent introduire leur candidature depuis mardi et jusqu'à samedi inclus.

Avant de pouvoir se présenter aux suffrages des Iraniens, tous les candidats devront être validés par le Conseil des gardiens de la Constitution, organe non élu contrôlé par les conservateurs. La presse iranienne dans son ensemble estime que les chances de M. Ahmadinejad, d'obtenir l'onction des Gardiens sont presque nulles.

L'ancien président, qui se présente comme l'"enfant» du peuple, a averti qu'il boycotterait purement et simplement le scrutin – dont le premier tour doit avoir lieu le 18 juin – «en cas de disqualification» de sa candidature.

«Dernière chance»

Répétant, comme il le fait depuis plusieurs années, que la population a perdu confiance dans les dirigeants du pays, il a estimé que le scrutin était «peut-être la dernière chance» de sauver la République islamique face aux défis «très sensibles» auxquels elle fait face tant pour des raisons «internes» qu'"internationales».

M. Ahmadinejad a été président de 2005 à 2013. En 2009, la contestation – sévèrement matée – de sa réélection sur fond d'accusations d'irrégularités et de fraudes massives, avait ébranlé la République islamique.

En 2013, il avait dû abandonner son poste à l'issue de son deuxième mandat (comme le président sortant, Hassan Rohani cette année), la Constitution interdisant au chef de l'exécutif d'exercer trois mandats successifs.

L'ancien président avait retenté sa chance lors de la présidentielle de 2017 en déposant sa candidature contre l'avis du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei. Sans surprise, celle-ci avait été rejetée par le Conseil des Gardiens, chargé du contrôle de l'élection présidentielle.

«Paix, amour et fraternité»

Au fil des années, l'ancien président est devenu un poil-à-gratter de la République islamique, tenant des propos iconoclastes remettant publiquement en cause la plupart des grandes orientations retenues par ses dirigeants.

En Occident, le nom de M. Ahmadinejad est associé de façon indélébile à la répression meurtrière des manifestations de 2009 et à ses déclarations tonitruantes appelant à la destruction d'Israël et niant la Shoah.

Celui qui s'était caractérisé par sa rhétorique agressive et ses positions ultraconservatrices et populistes a néanmoins entrepris, après avoir quitté la présidence, de changer radicalement son image, quitte à revenir sur certaines de ses déclarations les plus fracassantes ou à donner des interviews à des médias persanophones basés à l'étranger et considérés comme «hostiles» par les autorités.

Il prône ainsi «la paix, l'amour, la fraternité et la coopération» entre les peuples, mais aussi la «liberté», les «droits humains» et la «démocratie», notamment via son compte certifié Twitter, réseau social qu'il contribua à bloquer en Iran en 2009, et sur lequel il ne communique qu'en anglais.

Une vingtaine de candidats

Autre personnalité ayant déposé sa candidature mercredi: l'amiral Rostam Ghassémi, ministre du Pétrole sous M. Ahmadinejad, et aujourd'hui adjoint au commandant d'une unité d'élite des Gardiens de la Révolution (l'armée idéologique iranienne).

Il s'est présenté comme «simple soldat de la patrie, serviteur du peuple avec un longue expérience dans le domaine du développement». Il est le quatrième officier général à déposer sa candidature depuis mardi.

Une vingtaine d'autres candidats, anciens ministres, députés en fonctions ou ex-parlementaires, se sont également enregistrés mercredi, selon des journalistes de l'AFP. La liste définitive des candidats retenus par le Conseil des Gardiens doit être connue le 26 ou 27 mai et la campagne électorale doit s'ouvrir le 28.