Etats-Unis Le Sénat adopte une aide pour l'Ukraine, mais son examen stagne

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13.2.2024 - 13:29

Le Sénat américain a adopté mardi une enveloppe validant 60 milliards de dollars pour l'Ukraine et des fonds pour Israël et Taïwan. Mais le texte est pour l'instant voué à l'échec, les républicains de la Chambre des représentants refusant de l'examiner en l'état.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est déclaré "reconnaissant" envers les sénateurs américains ayant voté cette enveloppe.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est déclaré "reconnaissant" envers les sénateurs américains ayant voté cette enveloppe.
ATS

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La Chambre haute du Congrès américain, à majorité démocrate a validé mardi à l'aube cette enveloppe de 95 milliards de dollars âprement négociée au cours des derniers mois.

Mais les alliés de Trump à la Chambre des représentants, où les républicains sont majoritaires, ont affiché dès lundi soir leur refus d'examiner en l'état ce texte. Et sans le soutien des républicains, le texte ne peut aller nulle part.

Malgré tout, ce nouveau pas du Congrès vers l'adoption d'une aide à Kiev, bloquée depuis plusieurs mois, a été saluée par le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui s'est dit «reconnaissant» envers les sénateurs américains.

«Pour nous, en Ukraine, la poursuite de l'aide américaine permet de sauver des vies humaines de la terreur russe» alors que «nous luttons pour la liberté, la démocratie», a-t-il déclaré sur X (anciennement Twitter).

Démocrates et républicains se déchirent depuis des mois au Congrès américain sur la question de l'aide à l'Ukraine, allié des Etats-Unis, en guerre avec la Russie depuis près de deux ans.

Les démocrates sont, dans l'immense majorité, pour. Les républicains, eux, sont divisés entre faucons interventionnistes, pro-Ukraine, et lieutenants de Donald Trump, bien plus isolationnistes.

En pleine campagne présidentielle, l'équation s'est transformée en bras de fer à distance entre le président Joe Biden, qui réclame de toute urgence ces nouveaux fonds, et Donald Trump, qui prétend que s'il était réélu en novembre, il réglerait la guerre entre la Russie et l'Ukraine «en 24 heures» -- sans vraiment expliquer comment.

«Problème plus urgent»

Alors, qu'importe que le président démocrate soutienne le projet, ou qu'il ait exhorté le Congrès à «l'adopter rapidement». Dans ces tractations, c'est son prédécesseur et rival probable à l'élection présidentielle, qui a le dernier mot.

Ainsi, Mike Johnson, le chef des républicains à la Chambre des représentants, a infligé lundi soir un nouveau revers aux partisans de l'aide à l'Ukraine.

Ce fidèle de Donald Trump, a assuré avant même le vote du Sénat que le texte négocié par les sénateurs ne serait pas examiné en l'état dans son hémicycle.

«Le projet de loi sur l'aide aux pays étrangers du Sénat reste muet sur le problème le plus urgent auquel notre pays est confronté», a fustigé Mike Johnson dans un communiqué, faisant référence à la crise migratoire à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.

Les républicains demandent en échange de l'adoption d'une aide à Kiev un renforcement important de la politique migratoire. Et «en l'absence de toute modification» de la part du Sénat sur le sujet, «la Chambre des représentants continuera de travailler selon sa propre volonté sur ces questions importantes», a-t-il assuré.

Mike Johnson, comme nombre de républicains au Congrès, suit des directives de Donald Trump, qui a affirmé samedi que les Etats-Unis devaient «arrêter de donner de l'argent sans espérer être remboursés».

Le candidat républicain a aussi jeté un pavé dans la mare, en assurant qu'il «encouragerait» la Russie à s'en prendre aux pays de l'Otan si ceux-ci ne payaient pas leur part, ce qui a provoqué une pluie de critiques de l'autre côté de l'Atlantique.

«Nous aidons l'Ukraine pour plus de 100 milliards de dollars de plus que l'Otan», a martelé Donald Trump lundi soir, sur son réseau Truth Social. «L'Otan doit égaliser, et maintenant», a-t-il exigé. «Sinon, ce sera l'Amérique d'abord!», a-t-il lancé, en référence à la doctrine isolationniste qu'il a placée au coeur de sa politique étrangère, entre 2017 et 2021.