Mort d'Evguéni Prigojine Que cache le silence radio de Poutine ?  Un éventuel assassinat d'un tir de missile sol-air ?

AFP

24.8.2023

Une enquête était en cours jeudi en Russie sur l'accident d'avion qui a vraisemblablement provoqué la mort d'Evguéni Prigojine, patron du groupe paramilitaire Wagner et ennemi juré du Kremlin depuis sa rébellion fin juin, ce qui nourrit les spéculations sur un éventuel assassinat.

En orchestrant un soulèvement de son groupe paramilitaire Wagner en juin en Russie, Evguéni Prigojine est passé de figure de premier plan du conflit en Ukraine, au statut d'ennemi juré de Vladimir Poutine. (photo d'illustration)
En orchestrant un soulèvement de son groupe paramilitaire Wagner en juin en Russie, Evguéni Prigojine est passé de figure de premier plan du conflit en Ukraine, au statut d'ennemi juré de Vladimir Poutine. (photo d'illustration)
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Aucun haut responsable russe n'a commenté l'évènement. Le président russe Vladimir Poutine, qui considère le chef mercenaire comme un traître, n'a pas évoqué directement le sujet lors d'apparitions publiques mercredi soir et jeudi matin.

L'agence russe pour le transport aérien, Rossaviatsia a confirmé qu'Evguéni Prigojinese trouvait à bord de l'avion effectuant un vol entre Moscou et Saint-Pétersbourg qui s'est écrasé en début de soirée mercredi dans la région de Tver.

Aucun des sept passagers et trois membres d'équipages n'a survécu, mais les autorités n'ont pas encore formellement annoncé la mort du chef de Wagner, les corps n'ayant pas été identifiés.

Le silence de Vladimir Poutine 

Vladimir Poutine est resté silencieux sur l'évènement qui domine l'actualité de son pays. Il est intervenu brièvement jeudi par visioconférence lors du sommet des pays du Brics en Afrique du Sud, où il ne s'est pas rendu car il reste visé par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale.

Mercredi soir, il avait prononcé un discours marquant le 80e anniversaire de la bataille de Koursk.

Clin d'oeil ou non, M. Poutine a salué le «dévouement» et la «loyauté» des soldats russes en Ukraine.

A l'étranger, des responsables sous-entendaient que la mort du chef mercenaire pouvait avoir été orchestrée par l'Etat russe.

La thèse d'un tir de missile sol-air

Sur les réseaux sociaux, des comptes proches de Wagner - qui n'a pas de présence officielle en ligne - évoquaient dès mercredi soir la thèse d'un tir de missile sol-air pour expliquer le drame, alimentant les conjectures quant à un assassinat.

Car durant la révolte armée de 24 heures, Vladimir Poutine avait du mal à cacher sa colère, accusant Prigojine de «trahison».

Si certains, en ligne, évoquent une mise en scène orchestrée par le chef mercenaire pour disparaître, la cheffe de RT, média d'Etat et soutien farouche de M. Poutine, Margarita Simonian, n'y croit pas.

«Personnellement, je penche vers (la piste) la plus évidente», a-t-elle écrit sur X, l'ex-Twitter.

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Dmitri Outkine et Valéri Tchekalov dans l'avion

On compte aussi parmi les morts présumés le bras droit de Prigojine, Dmitri Outkine, mystérieux ex-officier du renseignement militaire russe et commandant opérationnel de Wagner. Autre nom, Valéri Tchekalov, que des médias russes présentent comme un responsable logistique du groupe.

Le ministère russe des Situations d'urgence a, lui, indiqué que l'appareil qui s'est écrasé près du village de Koujenkino était un jet privé Embraer Legacy.

Des vidéos dont l'AFP n'a pas pu confirmer l'authenticité ont été diffusées sur plusieurs chaînes Telegram se disant liées à Wagner, montrant des débris en feu dans un champ ou encore un appareil tombant du ciel.

Recueillement devant le siège de Wagner

Dans la nuit, des badauds sont venus se recueillir devant le siège de Wagner à Saint-Pétersbourg, déposant des œillets rouges, des bougies et des écussons à tête de mort devant le bâtiment.

«Nous n'avons pas de mots», y a déclaré à l'AFP un homme masqué, portant une casquette et un sweat-shirt avec le logo de l'organisation et appelant à soutenir «Evguéni Viktorovitch (Prigojine) et tous nos commandants».

En Ukraine, on se réjouit de la mort du chef de guerre

«Peut-être que cela donnera une impulsion à des évènements déstabilisateurs» en Russie, dit Iryna Kouchina, une fonctionnaire interrogée par l'AFP sur l'avenue centrale de Kiev où des carcasses de chars russes ont été installées à l'occasion de la fête de l'Indépendance jeudi.

Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, a lui vu dans la mort de M. Prigojine un signal de «Poutine aux élites russes avant l'élection (présidentielle) de 2024».

Doutes raisonnables

Le président américain Joe Biden a estimé mercredi que «peu de choses se passent en Russie sans que Poutine n'y soit pour quelque chose».

Le porte-parole du gouvernement français Olivier Véran a estimé jeudi qu'existaient «des doutes raisonnables» sur «les conditions» du crash.