AstraZenecaLe vaccin d'AstraZeneca déconseillé aux plus de 65 ans en Allemagne
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28.1.2021 - 21:55
«Pas assez de données disponibles»: la commission de vaccination allemande a déconseillé jeudi le vaccin AstraZeneca pour les personnes âgées de plus de 65 ans. C'est un revers pour le laboratoire britannique déjà sous pression des Européens à propos des livraisons.
Faute de preuve d'efficacité pour les plus âgés, «le vaccin COVID-19 d'AstraZeneca est actuellement recommandé uniquement pour les personnes âgées de 18 à 64 ans», écrit la commission de vaccination (STIKO) dans un document consulté par l'AFP. L'avis remis au ministère de la Santé précise que «les données disponibles actuellement sont insuffisantes pour évaluer l'efficacité du vaccin au-delà de 65 ans».
Cette recommandation nationale intervient alors que le régulateur sanitaire européen doit se prononcer vendredi sur l'autorisation du vaccin britannique pour le continent. En Suisse, une autorisation est attendue dans les prochaines semaines, selon Swissmedic.
AstraZeneca a vivement répliqué aux experts allemands. Le laboratoire a assuré que «les dernières analyses (...) confirment l'efficacité du vaccin dans le groupe des plus de 65 ans», selon un porte-parole.
Le vaccin d'AstraZeneca est attendu avec impatience dans tous les Etats membres où il doit permettre d'accélérer les campagnes de vaccination en ajoutant des millions de doses supplémentaires à celles des laboratoires Pfizer/BioNTech et Moderna, les deux premiers produits autorisés sur le continent.
Lenteur de fabrication
Si son accès devait être réservé uniquement au moins de 65 ans, cela contraindrait la plupart des gouvernements européens à réexaminer leur stratégie actuellement axée sur la vaccination prioritaire des plus âgés. Les pays européens se plaignent de la lenteur de fabrication des vaccins, mis au point en un temps record.
Pour autant, 70% des doses administrés actuellement le sont dans les pays riches (Europe, Etats-Unis et pays du Golfe). Aucun programme de vaccination de masse n'a débuté dans un pays pauvre alors que la pandémie ne reflue pas.
Au total, elle a fait au moins 2,17 millions de morts et infecté plus de 100,8 millions de personnes depuis fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP jeudi.
L'OMS enquête
Sortie jeudi de quarantaine en Chine, une équipe de l'OMS a entamé une mission ultra-sensible destinée à enquêter sur les origines de la pandémie dans ce pays où elle s'était déclarée il y a plus d'un an. Le régime chinois, qui ne veut pas se voir mis en cause, a mis en garde contre toute «ingérence politique».
Les nouveaux variants de ce virus mondial ne cessent de se propager: celui apparu en Grande-Bretagne s'est étendu à 70 pays et le sud-africain à 31, selon l'OMS. De premiers cas du variant sud-africain ont été détectés aux Etats-Unis. L'Organisation mondiale de la santé a exhorté jeudi à ne pas «lâcher du lest» sur les restrictions en Europe.
Certains pays prévoient d'ailleurs de renforcer les contraintes, comme l'Allemagne qui compte imposer une réduction drastique du trafic aérien avec le Royaume-Uni, le Brésil, l'Afrique du Sud et le Portugal, des pays qu'elle considère comme les plus affectés par les nouveaux variants.
«Juste une statistique»
Le Portugal, où le virus provoque une pression «gigantesque» sur les hôpitaux, a enregistré jeudi un nouveau record de décès, avec 303 morts supplémentaires en 24 heures. Au Royaume-Uni, premier pays européen à avoir dépassé les 100'000 morts, la pression sur le système hospitalier reste forte.
«Le truc» avec ce virus, «c'est que vous avez l'impression de disparaître», a confié à l'AFP, Justin Flemming, un malade du Covid de 47 ans, soigné à l'hôpital King's College de Londres. Il évoque sa terreur à l'idée de ne peut-être plus voir ses proches, «d'être un ami disparu, juste une statistique».
Le vaccin d'AstraZeneca, développé avec l'université d'Oxford, est largement déployé au Royaume-Uni où il est administré à toutes les catégories d'âge.
Bras de fer avec l'UE
Deux médias allemands avaient mis en doute cette semaine son efficacité pour les personnes âgées de plus de 65 ans. Le directeur général d'AstraZeneca, Pascal Soriot, avait reconnu qu'il existait «une quantité limitée de données pour la population âgée», jugeant donc «possible» que certains pays préfèrent ne pas l'administrer à cette catégorie pour l'instant.
Le laboratoire britannique subit depuis plusieurs jours les foudres des dirigeants de l'Union européenne en raison de retards de livraisons prévus sur les quantités déjà commandées par l'UE. AstraZeneca avait argué la semaine dernière d'une «baisse de rendement» sur un site de fabrication européen, expliquant ne pouvoir livrer qu'"un quart» des doses initialement promises à l'UE au premier trimestre.
Bruxelles, qui a précommandé jusqu'à 400 millions de doses du vaccin AstraZeneca/Oxford, n'est pas convaincu par ces justifications, les jugeant «insatisfaisantes».