IndignationL'Occident réagit face à une avalanche de condamnations
ATS
7.1.2021 - 08:37
La communauté internationale s'est élevée jeudi contre le vaste coup de filet qui a visé la veille une cinquantaine de figures de l'opposition pro-démocratie hongkongaise. Celles-ci ont été arrêtées au nom de la draconienne loi sur la sécurité nationale.
Les puissances occidentales ont fustigé cette «sévère répression» et cette «terrible attaque» des libertés, pourtant théoriquement garanties jusqu'en 2047 dans le cadre du principe «Un pays, deux systèmes».
Plus d'un millier de policiers ont procédé mercredi à l'aube à l'interpellation de 53 personnalités pro-démocratie, dont un avocat américain. Ces personnes sont accusées de «subversion» dans le cadre de cette loi entrée en vigueur fin juin et qui prévoit des peines allant jusqu'à l'emprisonnement à vie.
Jeudi, c'était au tour de Joshua Wong, l'un des plus célèbres dissidents hongkongais, en détention pour son rôle dans les manifestations de 2019, de faire l'objet de poursuites distinctes pour «subversion».
Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, a réclamé jeudi la libération «immédiate» et «sans condition» des 53 personnes arrêtées, soutenant que «les Etats-Unis ne resteront pas les bras croisés pendant que les habitants de Hong Kong subissent l'oppression communiste».
La veille, Antony Blinken, qui a été choisi par le président élu américain Joe Biden pour être le futur chef de la diplomatie des Etats-Unis, a également exigé leur libération, estimant que ces arrestations constituent une «attaque» contre les «droits universels».
De son côté, le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab, a dénoncé une «atteinte grave aux droits et libertés».
«Dégradation continue»
L'Union européenne, tout en appelant à leur «libération, a menacé de prendre «des sanctions» alors que la France a fustigé «la dégradation continue» de la situation dans l'ex-colonie britannique
Cette opération est le dernier coup porté contre la dissidence depuis la reprise en main du territoire semi-autonome engagée en 2020 par Pékin pour mettre fin aux immenses manifestations pro-démocratie qui avaient secoué le territoire l'an passé.
«Cela démontre très clairement et de manière non équivoque le contrôle qu'exerce le gouvernement chinois sur Hong Kong», a déclaré à l'AFP Dylan Loh, un expert de la politique chinoise au sein de l'Université technologique Nanyang de Singapour. «Il ne faut plus se faire d'illusions sur le fait que le gouvernement central est résolument aux commandes», a-t-il ajouté.
Les primaires de l'opposition
Il est reproché aux personnes arrêtées d'avoir organisé des primaires de l'opposition, auxquelles 600'000 personnes ont participé en juillet, dans l'optique de remporter, pour la première fois, la majorité aux législatives de septembre.
Ce scrutin a finalement été reporté d'un an au motif du coronavirus alors que de nombreux candidats ont été disqualifiés. Ces primaires avaient suscité le courroux de Pékin, les autorités chinoises et hongkongaises y voyant une tentative de «renverser» et «paralyser» l'exécutif hongkongais.
Les personnalités interpellées mercredi appartiennent à un spectre très large de la mouvance pro-démocratie. Cela va d'ex-parlementaires comme James To, Andrew Wan, Lam Cheuk Ting ou Claudia Mo à des militants plus jeunes comme Gwyneth Ho, ancienne journaliste de 30 ans, ou Tiffany Yuen, conseillère de district de 27 ans.
Libération sous caution?
L'avocat américain, John Clancey, résident permanent à Hong Kong et qui travaille pour un cabinet spécialisé dans les questions de droits de l'Homme, a également été arrêté pour «subversion».
La police hongkongaise peut détenir toute personne arrêtée jusqu'à 48 heures avant sa présentation devant un tribunal. Une source policière de haut placée a déclaré à l'AFP jeudi que la plupart des personnes arrêtées devraient être libérées sous caution jeudi dans la journée.
Les personnes accusées de crimes relevant de la loi sur la sécurité nationale ne sont généralement pas remises en liberté sous caution. Cette législation a été imposée fin juin par Pékin à Hong Kong afin de mettre fin au vaste mouvement de contestation qui a ébranlé en 2019 le territoire semi-autonome.
Elle donne notamment aux autorités le pouvoir de réprimer la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec des forces extérieures. Le gouvernement chinois avait affirmé qu'elle ne concernerait qu'une «petite minorité» de personnes mais très vite, elle a réduit au silence toute forme de dissidence et conduit à des dizaines d'interpellations.