FranceLe vote du premier tour a commencé outre-mer pour la présidentielle
ATS
9.4.2022 - 15:46
Les premiers électeurs ont commencé samedi à se rendre aux urnes, outre-mer et à l'étranger pour le premier tour de l'élection présidentielle française. La métropole, elle, devra attendre dimanche pour départager les douze candidats, tenus à la plus grande discrétion.
09.04.2022, 15:46
09.04.2022, 16:18
ATS
Enorme inconnue de cette onzième élection présidentielle au suffrage universel de la Ve République: le taux d'abstention. Nombre de politologues craignent que le record du 21 avril 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un premier tour, ne puisse être battu.
L'élément nouveau est le taux important d'électeurs indécis, qui fait peser une incertitude «non négligeable» sur le scrutin, selon le politologue Pascal Perrineau.
Faux sondages
La Commission nationale de contrôle de la campagne électorale et la Commission des sondages ont d'ailleurs appelé vendredi les électeurs «à la plus grande prudence» après la diffusion de SMS invoquant des sondages qui n'en sont pas et «qui peuvent constituer une information trompeuse».
En attendant les premiers résultats dimanche à 20h00, réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique sont interdits. Les bureaux de vote ouvriront à 08h00 dimanche en métropole et aucune interview ni aucun sondage ou estimation ne pourra être publié avant les résultats.
Deux candidats, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon sont toutefois annoncés à la marche organisée samedi à Paris pour le climat et la justice sociale.
Vote en Amérique
Pour tenir compte du décalage horaire, certains électeurs d'outre-mer votent dès samedi. St-Pierre-et-Miquelon a ouvert le bal à 08h00 (12h00 suisses), suivi de la Guyane, de la Martinique, de la Guadeloupe, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy.
Viendra ensuite le Pacifique, avec la Polynésie qui commencera à voter à 20h00 suisses, Wallis et Futuna et La Nouvelle-Calédonie. En Asie, les Français résidant à Shanghaï ne pourront pas voter, la métropole étant confinée au nom de la stratégie chinoise du zéro Covid.
En France, des masques chirurgicaux seront à disposition dans tous les bureaux de vote. Leur port ne sera pas obligatoire, mais «fortement recommandé» pour les personnes fragiles et celles récemment testées positives au Covid-19. Les personnes fragiles pourront aussi demander un accès prioritaire.
«Archipélisation»
«Nous avons connu une étrange campagne qui s'est déroulée en rupture avec tout l'imaginaire des présidentielles», explique Frédéric Dabi, directeur de l'Ifop. Une campagne «inédite» pour plusieurs raisons: la guerre en Ukraine qui l'a «anesthésiée», un «faible intérêt» qui tranche avec les élections précédentes et l'absence de «l'habituelle confrontation des projets» entre les candidats en lice.
«Nous avons une sorte d'archipélisation des débats avec de petits duels», notamment entre Eric Zemmour et Valérie Pécresse à droite ou entre Jean-Luc Mélenchon et les autres candidats d'une gauche fragmentée, l'écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel, la socialiste Anne Hidalgo ou les trotskystes Philippe Poutou et Nathalie Arthaud.
Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan et le député béarnais Jean Lassalle ont eux regretté une campagne sans débat.
Front républicain «érodé»
Pour conjurer l'indécision et l'abstention, les candidats se sont démultipliés la dernière semaine de campagne: derniers grands meetings, exposition médiatique, ultimes déplacements sur le terrain.
Le président sortant Emmanuel Macron, qui s'est toujours maintenu en tête des sondages, est entré en campagne tardivement, empêché d'abord par la crise sanitaire, puis par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Marine Le Pen a, elle, enclenché une dynamique ascendante après avoir été inquiétée par son rival d'extrême droite Eric Zemmour. Elle s'est consolidée à la deuxième place puis a progressivement resserré l'écart avec M. Macron, alors que Jean-Luc Mélenchon s'est hissé à la troisième place. Mais les politologues n'excluent pas qu'une surprise puisse bousculer ce tiercé donné par les sondages.
Avant même l'issue du premier tour, plusieurs candidats se sont projetés dans la perspective d'un duel Macron-Le Pen au second tour. Ils ont fait apparaître des fissures dans le «front républicain» face à l'extrême droite.
«Cela fait un moment que le front républicain n'est plus ce qu'il était. Il a été érodé par le haut et par le bas», a expliqué le directeur de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein. «Ça reste un ressort», mais penser que ce ressort «suffira est une illusion».