Algérie Les Algériens restent mobilisés

ATS

12.4.2019 - 18:05

Malgré une présence policière renforcée à Alger, les Algériens sont restés fortement mobilisés.
Malgré une présence policière renforcée à Alger, les Algériens sont restés fortement mobilisés.
Source: KEYSTONE/EPA/MOHAMED MESSARA

Un cortège monstre a défilé dans le centre d'Alger pour un 8e vendredi consécutif de contestation. C'est le premier depuis l'entrée en fonctions du président par intérim et son annonce d'une présidentielle pour désigner un successeur à Abdelaziz Bouteflika.

Le nombre exact de manifestants est difficile à établir, ni les autorités ni les protestataires ne communiquant de chiffres. Mais en début d'après-midi une foule dense est descendue dans les rues du centre-ville, au moins aussi importante que celle des vendredis précédents. Des manifestations d'ampleur diverses ont été signalées dans d'autres villes d'Algérie, notamment Constantine et Annaba (3e et 4e villes du pays).

Après avoir obtenu le 2 avril la démission du chef de l'Etat, le mouvement populaire algérien réclame désormais le départ d'Abdelkader Bensalah, apparatchik de 77 ans, chargé par la Constitution d'assurer l'intérim. Il demande aussi le départ de l'ensemble des personnalités de l'appareil mis en place par M. Bouteflika en 20 ans de pouvoir.

«Ils partiront tous»

Sur les réseaux sociaux, où est née en février la contestation, les appels à manifester ont repris ces derniers jours pour la 8e semaine consécutive, notamment sous le mot-dièse «Ils partiront tous».

Les contestataires estiment que les structures et personnalités mises en place par M. Bouteflika ne peuvent garantir un scrutin libre et équitable pour désigner son successeur. Ils craignent une élection frauduleuse ne servant qu'à conforter le «système» au pouvoir.

Le pouvoir entend mordicus poursuivre le processus prévu par la Constitution: l'élection d'un nouveau président sous 90 jours. Trop court pour manifestants et société civile, qui réclament la mise en place d'institutions ad hoc, en vue d'une véritable transition post-Bouteflika.

L'attitude de la police a semblé moins tolérante ces derniers jours à l'égard des rassemblements dans la capitale. Vendredi, pour la première fois en 8 semaines de défilés hebdomadaires dans la capitale, des policiers en tenue anti-émeutes ont limité plusieurs heures de la matinée l'accès au parvis de la Grande Poste, épicentre de la contestation dans le centre d'Alger, avant de finalement libérer l'accès.

Ils ont également vainement tenté, sans force excessive, de déloger plusieurs centaines de manifestants les ayant devancés en s'installant dès l'aube sur les escaliers de ce bâtiment néo mauresque emblématique du coeur de la capitale. Les multiples tentatives d'intimidation de la police dans la matinée contre les manifestants à Alger n'ont pas découragé les contestataires, venus pour certains en famille avec leurs enfants.

Présidentielle rejetée

Désigné par la Constitution pour assurer l'intérim, M. Bensalah a remplacé dans les slogans hostiles M. Bouteflika, président malade dont il était ces dernières années la «doublure» officielle, en Algérie et à l'étranger. «L'élection du 4 juillet est rejetée par le peuple qui refuse également la nomination de Bensalah», analyse Mahrez Bouich, professeur de philosophie à l'université de Bejaia (250 km à l'est d'Alger).

Pour les protestataires, cette présidentielle ne peut être libre et équitable si elle est organisée par les institutions et personnalités héritées des 20 ans de pouvoir de Bouteflika, marqués par des scrutins frauduleux selon l'opposition. Mais M. Bensalah a reçu le soutien implicite de l'armée, revenue au centre du jeu politique depuis que le général Gaïd Salah a lâché M. Bouteflika rendant inéluctable sa démission.

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