Bélarus Les Bélarusses à nouveau dans la rue

ATS

30.8.2020 - 20:35

Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Minsk dimanche, pour le troisième week-end consécutif et malgré une présence policière massive. Ils ont à nouveau dénoncé la réélection controversée du président Alexandre Loukachenko.

La mobilisation semblait aussi forte que lors des deux dimanches précédents, lorsque quelque 100'000 personnes ont défilé dans la capitale bélarusse.

M. Loukachenko, 66 ans dont 26 à la tête du Bélarus, fait face à des protestations quotidiennes depuis la présidentielle contestée du 9 août, qu'il clame avoir remporté avec 80% des voix tandis que ses détracteurs dénoncent des fraudes.

Dans les provinces aussi

Le dimanche est devenu désormais le jour de ralliement le plus important, avec des foules importantes signalées aussi dans de nombreuses villes de provinces.

A Minsk, les manifestants étaient au rendez-vous, malgré les efforts pour les empêcher de se rassembler et les cortèges de se rejoindre. La police antiémeute était présente en masse aux côtés de militaires masqués et armés, en nombre plus important que le weekend précédent, selon des journalistes de l'AFP.

La police a bloqué plusieurs artères de la capitale à l'aide de blindés et barrières, face à des manifestants scandant des slogans comme «Loukachenko en fourgon cellulaire» ou «Pars!«, habillés aux couleurs rouge et blanche de l'opposition.

Devant la résidence de Loukachenko

Les manifestants se sont également rendus devant la résidence officielle d'Alexandre Loukachenko, le Palais de l'Indépendance, criant «Sort!» ou «Tu es renvoyé!«.

Un conseiller du président est allé à leur rencontre tout en rejetant tout dialogue direct avec l'opposition, tandis que de nombreux tireurs d'élite étaient visibles sur les toits du bâtiment.

Le service de presse de M. Loukachenko a ensuite diffusé une photo du président en gilet pare-balle et fusil d'assaut à la main, comme il s'était déjà affiché la semaine dernière.

140 arrestations

Les forces de l'ordre sont intervenues en début de manifestation arrêtant 140 personnes, selon le ministère de l'Intérieur cité par les agences russes. Mais elles n'ont pas fait usage de gaz lacrymogènes, de grenades sonores ou de balles en caoutchouc, comme elles l'avaient fait contre les premiers rassemblements.

Le Comité d'enquête a annoncé l'ouverture de près de 150 procédures pour «menaces» ou «hooliganisme» envers des protestataires.

Accréditations retirées

Samedi, les autorités bélarusses ont retiré sans explication leurs accréditations à plusieurs journalistes travaillant pour des médias étrangers, dont l'AFP, AP, la BBC et Radio Liberty.

La figure de proue de l'opposition qui revendique la victoire à la présidentielle, Svetlana Tikhanovskaïa, réfugiée en Lituanie, a dénoncé «la banqueroute morale» d'un régime usant de «la peur et l'intimidation».

L'Allemagne, qui assure la présidence de l'UE, va pour sa part convoquer l'ambassadeur bélarusse suite au retrait de ces accréditations, que Berlin avait déjà dénoncé comme «inacceptable».

«Alliance russo-bélarusse»

Les résultats de la présidentielle ont été rejetés par l'Union européenne. Celle-ci prépare des sanctions contre des hauts responsables du pouvoir bélarusse, et a exhorté Alexandre Loukachenko à dialoguer avec l'opposition.

Ce dernier s'est refusé à toute concession et dénonce un complot occidental destiné à le faire tomber. Il jouit jusqu'à présent du soutien de son plus proche allié, le président russe Vladimir Poutine, qui s'est dit prêt à intervenir chez son voisin si les protestations dégénéraient.

Les deux hommes se sont parlé au téléphone dimanche, M. Poutine félicitant M. Loukachenko pour son anniversaire et promettant «le renforcement de l'alliance russo-bélarusse», selon le Kremlin.

Pour de nouvelles élections

Les Européens avaient exhorté M. Poutine à faire pression sur son homologue pour qu'il entame un dialogue avec le «conseil de coordination» formé par l'opposition pour promouvoir une transition pacifique à la tête du pays.

Cet organe fait l'objet de poursuites pour «atteinte à la sécurité nationale». Plus de 300 sportifs bélarusses de haut niveau ont également appelé publiquement dimanche à l'organisation de nouvelles élections.

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