Quid du climat ?Les chiffres fous des «vols fantômes» au Royaume-Uni
Relax
30.9.2022 - 13:36
D'après des informations révélées cette semaine par le journal anglais The Guardian, le nombre de «vols fantômes» effectués depuis 2019 au Royaume-Uni s'élève à 40 0000. Autrement dit, des avions qui circulent à vide. Une pratique aberrante sur le plan environnemental, souvent justifiée de la part des compagnies par la peur de perdre leurs «créneaux de vol».
ETX Studio
30.09.2022, 13:36
30.09.2022, 13:58
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C'est un sujet qui a soulevé une vive polémique fin décembre 2021, lorsque le PDG de Lufthansa a expliqué publiquement avoir été contraint de réaliser «18 000 vols inutiles en plus cet hiver», afin que sa compagnie ne perde pas les créneaux de décollage et d'atterrissage pour les avions imposés par la réglementation européenne. Autrement dit, la compagnie allemande a fait circuler des avions circulant dans le ciel avec peu, voire presque pas, de passagers à bord.
Une déclaration qui n'a pas manqué de faire réagir les internautes, les militants écologistes, ainsi que plusieurs élus politiques, dont l'eurodéputée Karima Delli, qui n'a pas hésité à dénoncer une « absurdité écologique comme économique», sur son compte Twitter. La compagnie aérienne allemande s'est justifiée en expliquant que cette décision était liée au ralentissement de la demande des trajets en avion observé depuis la pandémie.
18 000 vols #luftansa volent actuellement à vide en Europe, du fait de la règle du "use it or lose it". Cette situation est une absurdité écologique comme économique. En tant que présidente de la commission des Transports, j'ai saisi la @EU_Commission pour que cela cesse ! pic.twitter.com/KGc7gC5U9Q
Mais d'après des informations du journal The Guardian dévoilées cette semaine, ces pratiques surnommées «vols fantômes» avaient déjà lieu avant même la crise sanitaire. «Plus de 5 000 vols de passagers complètement vides ont effectué des vols à destination ou en provenance d'aéroports britanniques depuis 2019», révèle le quotidien anglais.
À cela, s'ajoutent 35 000 autres vols commerciaux réalisés depuis 2019, avec moins de 10% de sièges occupés, selon des données de l'Autorité de l'aviation civile (CAA). Soit un total d'environ 40 000 vols fantômes. «La raison pour laquelle les vols fantômes opèrent reste obscure. Seules les compagnies aériennes en connaissent les raisons, mais elles ne publient pas de données expliquant cette pratique. Il se peut que les vols fantômes soient effectués pour respecter les règles d'utilisation des créneaux horaires dans les aéroports, bien que ces règles aient été suspendues au plus fort de la pandémie. Parmi les autres raisons invoquées par les compagnies aériennes figurent les vols de rapatriement de Covid ou le repositionnement des avions. Mais ces raisons ne peuvent être vérifiées et les militants ont déclaré qu'une plus grande transparence était nécessaire», analyse le journal.
Alors que l'avion, mode de transport le plus polluant, est au cœur des restrictions écologiques depuis quelques années et que l'on somme les citoyens de réduire leurs trajets par la voie des airs, la pilule a donc naturellement du mal à passer face à ce nombre impressionnant de vols fantômes. D'après un rapport mondial publié en septembre 2019 par l'ONG américaine International Council on Clean Transportation, l'empreinte carbone mondiale générée par l'ensemble des vols commerciaux (passagers et marchandises) équivaut à 918 millions de tonnes de CO2 pour l'année 2018.