2020 Les crises alimentaires à un plus haut en 2020

ATS

5.5.2021 - 19:46

Entre conflits, crises économiques aggravées par la pandémie et événements climatiques, l'insécurité alimentaire aiguë a atteint en 2020 son plus haut niveau depuis cinq ans, avertit le Réseau mondial contre les crises alimentaires. L'année 2021 risque également d'être «difficile».

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KEYSTONE/EPA/YAHYA ARHAB

Keystone-SDA

L'an dernier, 155 millions de personnes dans 55 pays se trouvaient dans une situation de «crise» (phase 3 sur 5 de l'échelle internationale de la sécurité alimentaire) ou «pire».

Soit 20 millions de plus qu'en 2019, souligne un rapport annuel publié mercredi par ce réseau né en 2016 qui réunit l'Union européenne, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM) notamment. «L'insécurité alimentaire aiguë ne cesse de progresser depuis la première édition du rapport», relève le réseau.

L'an dernier, plus de 28 millions de personnes dans 38 pays étaient plongées dans une situation d'"urgence alimentaire» (phase 4 ou pire), «proche de l'inanition». La République démocratique du Congo, le Yémen et l'Afghanistan sont particulièrement touchés.

Enfin, près de 133'000 personnes étaient dans une situation de «catastrophe/famine» (phase 5), au Burkina Faso, au Soudan du Sud et au Yémen.

Chocs climatiques

Pourquoi tant d'affamés? «Pour 100 millions de personnes confrontées à une crise alimentaire aiguë en 2020, la cause principale était liée aux conflits et à l'insécurité», contre 77 millions en 2019, explique à l'AFP Dominique Burgeon, directeur de la division urgences et résilience à la FAO.

Ce sont ces conflits qui ont provoqué six des dix principales crises alimentaires l'an dernier, en République démocratique du Congo, au Yémen, en Afghanistan, en Syrie, au Nigeria et au Soudan du Sud. Pour 40 millions de personnes, les crises économiques ont été les premières responsables de leur insécurité alimentaire (contre 24 millions en 2019).

Enfin pour 15 millions de personnes, ce sont les «chocs climatiques» qui ont été la cause principale de leur insécurité alimentaire, soit nettement moins qu'en 2019 (34 millions). Tempêtes tropicales, ouragans et inondations ont accru les problèmes alimentaires en Amérique centrale et en Haïti.

98 millions d'Africains

L'an dernier, l'Afrique était de très loin le continent le plus touché par la faim avec 98 millions de personnes concernées, soit 63% des personnes touchées dans le monde, contre 54% en 2019.

Pour 2021, les signaux ne sont pas bons. «On voit déjà que ce sera une année difficile», déclare Dominique Burgeon. «Les conflits continueront à être la première cause des crises alimentaires, tandis que le Covid-19 et les mesures de restrictions sanitaires qu'il entraîne vont continuer à exacerber l'insécurité alimentaire aiguë dans des économies fragiles», anticipe le rapport.