Péninsule coréenne Les deux Corées se relient symboliquement

ATS

26.12.2018 - 10:12

Séoul a pris soin de souligner que cette cérémonie ne marquerait pas le début des travaux de reconnexion et de modernisation des réseaux proprement dits. Il s'agit du "témoignage" de "l'engagement" des deux pays derrière le projet.
Séoul a pris soin de souligner que cette cérémonie ne marquerait pas le début des travaux de reconnexion et de modernisation des réseaux proprement dits. Il s'agit du "témoignage" de "l'engagement" des deux pays derrière le projet.
Source: Keystone/AP South Korea Transport Ministr/HOGP

Une délégation sud-coréenne est passée en Corée du Nord mercredi pour une cérémonie symbolique d'inauguration des travaux de connexion des réseaux ferroviaires et routiers de la péninsule. Elle s'est tenue malgré le blocage des pourparlers sur la dénucléarisation.

Un train spécial comportant neuf voitures a quitté la gare de Séoul aux premières heures à destination de la ville frontalière de Kaesong, en Corée du Nord. A son bord: une centaine de Sud-Coréens, dont de haut responsables et cinq personnes nées au Nord. Le train rouge, blanc et bleu, affichait sur ses wagons le slogan: "Ouvrons ensemble une ère de paix et de prospérité, reconnexion du chemin de fer et des routes Sud-Nord".

Une petite dizaine de manifestants brandissaient des pancartes pour dénoncer le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un accusé d'être un dictateur meurtrier, et condamnant la connexion ferroviaire comme le précurseur de la transformation de la péninsule toute entière en régime communiste. La télévision sud-coréenne a diffusé deux heures plus tard une photographie montrant le train à son arrivée en gare de Panmun, à Kaesong, où aura lieu la cérémonie.

Le président sud-coréen Moon Jae-in et Kim Jong Un avaient convenus de tenir cette cérémonie avant la fin de l'année lors du troisième sommet intercoréen qui a eu lieu en septembre. Certains esprits chagrins avaient craint que ce train, et les marchandises qu'il pourrait transporter, ne constituent une violation des sanctions infligées au Nord du fait de ses programmes nucléaire et balistique interdits. Mais le Conseil de sécurité de l'ONU a octroyé une exemption pour l'événement, selon la presse locale.

Tout dépend de la dénucléarisation

Séoul a pris soin de souligner que cette cérémonie ne marquerait pas le début des travaux de reconnexion et de modernisation des réseaux proprement dits. Les deux Corées sont toujours techniquement en guerre, le conflit s'étant achevé en 1953 sur un armistice et non un traité de paix.

Il s'agit du "témoignage" de "l'engagement" des deux pays derrière le projet, a déclaré un porte-parole du ministère sud-coréen de l'Unification. Les travaux vont dépendre "des progrès réalisés dans la dénucléarisation du Nord et les circonstances relatives aux sanctions".

Selon Séoul, des représentants des secteurs du transport russes, chinois, mongols ainsi que plusieurs ambassadeurs étrangers seront aussi de la partie. Avant sa division en 1948, deux lignes ferroviaires longeaient la péninsule côté occidental et oriental.

Séoul a mis de côté environ 63,4 milliards de wons (56,6 millions de dollars) d'investissements pour l'année prochaine en partant du principe qu'il faudra cinq ans pour réparer et moderniser ces deux liaisons ferroviaires.

Bientôt un second sommet?

Les discussions entre Pyongyang et Washington pour convaincre le Nord de renoncer à son arsenal atomique patinent. La détente spectaculaire vécue cette année sur la péninsule avait débouché sur un sommet historique entre le président américain Donald Trump et M. Kim en juin à Singapour. MM. Trump et Kim s'étaient alors engagés sur la "dénucléarisation complète de la péninsule coréenne", formule vague sujette à toutes les interprétations.

Depuis, les deux pays s'écharpent sur sa signification et s'accusent mutuellement de mauvaise foi et de traîner les pieds. Certains accusent Pyongyang de n'avoir pris aucun engagement concret envers la dénucléarisation et considèrent qu'il est hautement improbable qu'il abandonnera ses armes nucléaires.

Washington exige la dénucléarisation "définitive et totalement vérifiée" du Nord avant toute levée des sanctions, tandis que Pyongyang a condamné les "méthodes de gangster" des Américains accusés d'exiger son désarmement unilatéral sans faire de concession. Ce qui n'a pas empêché M. Trump de dire lundi sur Twitter qu'il attendait avec impatience son second sommet avec M. Kim, Washington faisant savoir qu'il pourrait avoir lieu en début d'année.

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