Elections américainesLes électeurs restent debout des heures sous un soleil de plomb
De René Sollberger, Las Vegas
31.10.2020
A peine les premiers bureaux de vote ont-ils ouvert à Las Vegas que les gens affluent vers les urnes. Il n’y jamais eu autant de monde. Je suis choqué par ces longues files d’attente, qui m’évoquent des images que l’on voit dans des régions en crise.
La chaleur n’est plus la même que celle que l’on connaît à Las Vegas en plein été, mais le thermomètre dépasse toujours les 30°C. Ciel bleu acier, soleil de plomb. Depuis le matin, les premiers bureaux de vote du Nevada sont ouverts – deux bonnes semaines avant la date officielle des élections, le 3 novembre.
Je cherche une place de stationnement devant le supermarché du centre commercial Blue Diamond Crossing. L’immense chapiteau qui sert de bureau de vote apparaît déjà au loin. Ensuite, j’aperçois également la file de personnes presque interminable et bien organisée qui serpente à travers le parking. Cela paraît incroyable: nous ne sommes pas dans un pays en voie de développement. Nous sommes bien en Amérique, l’économie la plus puissante du monde.
Focus sur les élections américaines de 2020
Les Américains se rendent aux urnes: «blue News» suit la phase critique du duel pour la Maison-Blanche, non seulement depuis la Suisse, mais également à travers des reportages de journalistes suisses vivant aux Etats-Unis. Donald Trump ou Joe Biden? Le scrutin est prévu le 3 novembre.
Ils sont des centaines à patienter ici pendant plusieurs heures pour exprimer leur vote. Des cabines sont disposées dans la tente et compartimentées à l’aide de rideaux bleus. Mais il faut tout d’abord vérifier l’identité des électeurs et les rechercher sur la liste des électeurs inscrits. Cela prend du temps. Certaines personnes qui patientent ont ouvert un parapluie pour se protéger du soleil. Des assistants distribuent de l’eau. L’atmosphère est calme et paisible. A l’intérieur de la tente, l’ordre règne également. Personne ne semble pressé.
Donald Trump débarque à Las Vegas
Nous n’avons pas à faire la queue, puisque mon épouse a reçu les documents par la poste et qu’il lui suffit de déposer l’enveloppe. Certains Etats envoient automatiquement les documents par la poste dès que l’on s’inscrit, d’autres uniquement sur demande et d’autres pas du tout.
Non loin du bureau de vote improvisé, à l’aéroport international McCarran, Air Force One vient d’atterrir avec Donald Trump à son bord. Le président sortant prévoit de faire deux apparitions dans le Nevada ce week-end, ce pour quoi il se retrouve en conflit avec le gouverneur (démocrate) Steve Sisolak. En effet, le Nevada a mis en place des mesures d’hygiène et de distanciation qui ne sont pas du goût de Donald Trump. Les grands événements sont interdits.
Un taux de participation élevé à l’avantage des démocrates
Au cours du premier week-end électoral, plus de 50 000 personnes sont allés voter dans la ville de Las Vegas, qui abrite 2 millions d’habitants. C’est beaucoup. A l’échelle nationale, dix jours avant la date officielle des élections, près de 60 millions d’électeurs sur les quelque 240 millions ont déjà voté, comme le montre le site web «United States Elections Project» de Michael McDonald, politologue à l’université de Floride.
Selon la source, deux à trois fois plus de personnes ont pris part au vote anticipé qu’il y a quatre ans. Il reste à savoir qui en tire profit. Néanmoins, si le taux de participation est sensiblement plus élevé que les 60% habituels, cela devrait profiter aux démocrates et à leur candidat Joe Biden, étant donné que la plupart des nouveaux électeurs sont généralement jeunes et/ou membres d’une minorité et ont donc tendance à voter contre Donald Trump. En revanche, les électeurs républicains traditionnels ont tendance à être plus fiables et à se rendre aux urnes à chaque scrutin. Mais tout cela n’est que pure spéculation.
René Sollberger vit aux Etats-Unis depuis 2013. Après avoir passé tout d’abord deux ans à Boston puis cinq ans à San Francisco, il s’est installé à Las Vegas en 2020. Marié à une Américaine, il travaille comme journaliste spécialisé dans l’économie et la politique. Il a travaillé par le passé pour «Cash», la «Berner Zeitung» et la «Handelszeitung», entre autres publications.