Droits humains Les enquêteurs de l'ONU inquiets d'un effet ukrainien en Syrie

sn, ats

9.3.2022 - 12:30

Plus de 90% des Syriens sont pauvres après plus de dix ans de conflit, selon les enquêteurs de l'ONU. Ils ont alerté mercredi à Genève sur la détérioration à attendre avec le conflit ukrainien. Ils dénoncent à nouveau des crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La Commission d'enquête internationale sur la Syrie présidée par Paulo Sergio Pinheiro dénonce de récents crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans ce pays (archives).
La Commission d'enquête internationale sur la Syrie présidée par Paulo Sergio Pinheiro dénonce de récents crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans ce pays (archives).
ATS

9.3.2022 - 12:30

«La violence contre les civils continue dans le pays», même si les combats ont été arrêtés dans certaines régions, estime le président de la Commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU, Paulo Sergio Pinheiro. Dans son nouveau rapport, qui porte sur juillet à décembre 2020, celle-ci relève que les bombardements ont augmenté dans le nord-ouest du pays et que les affrontements continuent dans le nord-est.

La Commission a identifié de nouveaux crimes de guerre et la poursuite de crimes contre l'humanité. Les forces gouvernementales ont visé des civils de manière indiscriminée, notamment dans la région d'Idleb (nord-ouest). Des enfants ont été pris pour cibles, regrette un membre de la Commission, Hanny Megally.

Dans certains cas, l'aviation russe est en cause et a utilisé des armes de haute précision. Mais l'Armée nationale syrienne (ANS), proche de la Turquie, et les Kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) sont également mentionnés pour l'utilisation d'engins explosifs improvisés ou des tirs contre des territoires peuplés. Les violences sexistes se poursuivent très régulièrement, selon une autre membre de la Commission, Lynn Welchman.

Inflation importante

Bloqués par les parties au conflit, réprimés, exploités par les acteurs armés, les Syriens font face à une «pauvreté écrasante», selon lui. Les déplacés internes sont davantage exposés à ce problème. Au total, 12 millions de personnes sont en insécurité alimentaire et près de 15 millions ont besoin d'assistance.

Dans son rapport, la Commission dénonce les enlèvements, les extorsions et les confiscations de propriété perpétrées à la fois par le gouvernement et les autres acteurs armés. Une situation qui affecte notamment les minorités.

Autre problème, l'inflation a atteint près de 150% récemment. Le conflit en Ukraine «ne va que contribuer à davantage de pression sur les prix, poussant probablement encore davantage de Syriens dans la pauvreté», déplore la Commission.

Etats-Unis critiqués

Ses membres ont à plusieurs reprises demandé de revoir l'application des sanctions contre la Syrie. Même si des exceptions sont prévues pour l'assistance humanitaire, des effets sont observés.

La Commission s'inquiète aussi de l'"échec systémique» de la coalition emmenée par les Etats-Unis à mener des investigations sur de possibles crimes de guerre dont elle serait responsable. En revanche, elle salue une amélioration dans le rapatriement des proches de djihadistes dans les pays dont ils sont ressortissants.

Mais plus de 60'000 personnes restent «illégalement détenues» dans des camps dans des conditions «déplorables» dans le nord-est du pays. Des dizaines d'assassinats ont été perpétrés l'année dernière dans ces sites, selon la Commission.

sn, ats