Nucléaire iranienLes Etats-Unis font planer la menace militaire contre l'Iran
ATS
14.10.2021 - 08:53
Les Etats-Unis de Joe Biden ont fait planer mercredi la menace d'un recours à l'option militaire contre l'Iran en cas d'échec de la diplomatie pour empêcher Téhéran de se doter de l'arme atomique. Ils font pour la première fois clairement écho aux avertissements israéliens.
Keystone-SDA
14.10.2021, 08:53
ATS
À la veille d'une visite cruciale du négociateur de l'Union européenne jeudi à Téhéran, l'impatience monte côté américain mais aussi européen, et le changement de ton est manifeste.
Washington pense «qu'une solution diplomatique est la meilleure manière» d'éviter que la République islamique ne devienne une puissance nucléaire, a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken lors d'une conférence de presse avec son homologue israélien Yaïr Lapid dans la capitale américaine.
Mais il a jugé peu «encourageants» les signaux émanant de Téhéran, qui n'a toujours pas fixé de date pour la reprise des négociations visant à sauver l'accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, à l'arrêt depuis juin.
«Autres options»
«Il faut être deux pour dialoguer et nous n'avons pas constaté, à ce stade, de volonté d'en faire autant de la part de l'Iran», a déploré le secrétaire d'Etat, estimant une nouvelle fois que la «fenêtre de tir» se refermait à grands pas.
«Nous sommes prêts à nous tourner vers d'autres options si l'Iran ne change pas de direction», a-t-il prévenu alors qu'il était interrogé sur la possibilité du recours à la force. «Nous envisagerons toutes les options.»
À ses côtés, le ministre israélien a enfoncé le clou, sans être contredit. «En disant 'd'autres options', je pense que tout le monde comprend», a-t-il lancé, dans une allusion claire à l'option militaire.
Yaïr Lapid a d'ailleurs été encore plus explicite au nom de l'Etat hébreu, opposé de longue date à l'accord de 2015 qu'il juge insuffisant.
Négociations suspendues
L'ex-président américain Donald Trump a claqué la porte en 2018 de cet accord conclu entre l'Iran et les grandes puissances, et a rétabli les sanctions américaines qu'il avait permis de lever. En retour, Téhéran s'est de plus en plus affranchi des restrictions censées empêcher que son programme nucléaire aboutisse à la fabrication de la bombe. Le président Biden s'est lui dit prêt à revenir dans l'accord à condition que l'Iran renoue parallèlement avec ses engagements.
Des négociations indirectes entre Washington et Téhéran, par l'intermédiaire des autres signataires, ont démarré en avril à Vienne pour sauver cette entente, mais sont suspendues depuis l'élection en juin d'un nouveau président iranien.
Le négociateur européen Enrique Mora, coordonnateur du texte de 2015, est attendu jeudi à Téhéran. «Je vais insister sur l'urgence de reprendre les négociations», a-t-il tweeté mercredi.
Pessimisme
Dans ce contexte où le pessimisme semble s'imposer, Yaïr Lapid était venu à Washington pour réclamer au gouvernement Biden un «plan B alternatif». Et les Américains, longtemps réticents à évoquer autre chose qu'un retour à l'accord, ont changé de stratégie en évoquant eux-mêmes ouvertement l'hypothèse d'un échec.
«Nous sommes réalistes. Nous savons qu'il existe au moins une forte possibilité que l'Iran choisisse une autre voie» qu'un rétablissement de l'accord, a aussi déclaré mercredi l'émissaire américain pour l'Iran, Rob Malley.
Le négociateur américain a annoncé qu'il se rendrait dans les prochains jours en Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis et au Qatar pour évoquer notamment les «options» pour «contrôler le programme nucléaire iranien» si les négociations n'aboutissent pas.