Irak Les Etats-Unis tuent un général iranien

ATS

3.1.2020 - 22:21

Le président américain Donald Trump a déclaré vendredi qu'il ne cherchait pas la guerre avec l'Iran, après avoir ordonné l'élimination à Bagdad du plus puissant des généraux iraniens, Qassem Soleimani. Téhéran a promis de venger sa mort en temps et en heure.

De Paris à Moscou, les appels à la retenue se multipliaient pour prévenir une nouvelle escalade. Craignant pour ses soldats et ressortissants dans la région, Washington va déployer 3000 à 3500 soldats supplémentaires au Koweït de façon préventive, a indiqué un haut responsable du Pentagone, ce qui s'ajoute à 750 soldats envoyés plus tôt cette semaine.

L'Irak a dit redouter «une guerre dévastatrice» sur son sol. Un raid inédit a tué l'homme-clé de l'influence iranienne au Moyen-Orient et son premier lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux du Hachd al-Chaabi, ces paramilitaires irakiens majoritairement pro-iraniens.

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«Tir de précision d'un drone»

La frappe, qui a suscité des réactions inquiètes dans le monde, a été ordonnée par le président américain Donald Trump après une attaque mardi des partisans et des combattants du Hachd contre l'ambassade des Etats-Unis à Bagdad.

Le «tir de précision d'un drone», a indiqué un responsable militaire américain, a pulvérisé en pleine nuit deux véhicules dont celui où se trouvaient Soleimani et Al-Mouhandis, à la sortie de l'aéroport international de Bagdad.

Qassem Soleimani, chef de la Force Qods des Gardiens de la révolution, chargée des opérations extérieures de l'Iran, est mort sur le coup, tout comme Al-Mouhandis, homme de l'Iran à Bagdad et ennemi numéro un en Irak des Etats-Unis. En tout, dix personnes sont mortes selon le Hachd.

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Assassinat préventif

Washington affirme que l'assassinat était préventif et légal. Selon le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, Soleimani préparait une «action d'envergure» menaçant des «centaines de vies américaines», sans qu'on en sache plus.

Dans une brève allocution depuis sa résidence floridienne de Mar-a-Lago dans l'après-midi, Donald Trump a déclaré avoir agi pour «arrêter» une guerre et non pour en commencer une, affirmant qu'une attaque contre des militaires et diplomates américains était «imminente».

«Soleimani avait fait de la mort d'innocents une passion répugnante», a-t-il déclaré, avant de lancer une mise en garde aux «terroristes» qui s'en prennent aux Américains: «Nous vous trouverons. Nous vous éliminerons.»

Il a aussi témoigné de son «profond respect pour le peuple iranien», ajoutant: «Nous ne cherchons pas de changement de régime». Plus tôt, il avait tweeté: «Soleimani aurait dû être tué il y a des années!»

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Trois jours de deuil

En Iran, où Soleimani, 62 ans, était perçu comme intouchable, trois jours de deuil ont été décrétés. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi aux cris de «Mort à l'Amérique».

«L'Amérique doit savoir que son attaque criminelle contre le général Soleimani a été sa plus grave erreur (...). Ces criminels subiront une dure vengeance au bon endroit et au bon moment», a averti le Conseil suprême de la sécurité nationale, la plus haute instance sécuritaire d'Iran.

Le guide suprême iranien Ali Khamenei et le président Hassan Rohani ont eux aussi appelé à la vengeance. «L'Iran et les autres nations libres de la région prendront leur revanche sur l'Amérique criminelle», a menacé M. Rohani, alors que les autorités iraniennes ont rapidement nommé le successeur de Soleimani, Esmaïl Qaani.

Les commandants du Hachd ont eux aussi appelé leurs combattants à se «tenir prêts». Il faut, a exhorté Hadi al-Ameri, «serrer les rangs pour bouter les troupes étrangères» hors d'Irak. Le Parlement irakien doit se réunir samedi et pourrait dénoncer l'accord irako-américain qui encadre la présence de 5200 soldats américains sur le sol irakien.

En renversant en 2003 le régime de Saddam Hussein, les Etats-Unis avaient pris la haute main en Irak. Après leur retrait en 2011, ils ont perdu de leur influence au profit de l'Iran et de ses alliés irakiens.

Vive inquiétude

Dans les grandes capitales, l'inquiétude dominait. Vladimir Poutine et Emmanuel Macron se sont appelés, et ont dit s'inquiéter du risque de «sérieusement aggraver la situation» au Proche-Orient et d'une «nouvelle escalade dangereuse des tensions». Pékin et Londres ont appelé à la «désescalade» et l'ONU estime que «le monde ne peut se permettre une nouvelle guerre dans le Golfe».

Côté économique, les cours du pétrole ont bondi, les marchés craignant des perturbations voire un blocage de pétroliers dans le détroit d'Ormuz.

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