«C'était une décision difficile» Les Etats-Unis vont fournir des armes à sous-munitions à l'Ukraine

ATS

7.7.2023 - 22:34

Les Etats-Unis ont annoncé vendredi une nouvelle aide militaire en soutien à l'Ukraine, dont des armes à sous-munitions. Ils ont ainsi franchi un nouveau seuil dans le type d'armements fournis à Kiev, tout en excluant une adhésion rapide de l'Ukraine à l'Otan.

Les armes dites à sous-munitions dispersent ou libèrent des petites charges explosives conçues pour exploser avant l'impact, à l'impact ou après l'impact (image d'illustration). 
Les armes dites à sous-munitions dispersent ou libèrent des petites charges explosives conçues pour exploser avant l'impact, à l'impact ou après l'impact (image d'illustration). 
KEYSTONE

«C'était une décision difficile. On l'a différée» un certain temps, a déclaré à la presse le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, tout en ajoutant que c'était «la bonne chose à faire».

Il a affirmé que le président Joe Biden avait pris la décision en consultation avec les alliés et après une «recommandation unanime» de son administration. Il a encore assuré que les Ukrainiens avaient fourni des garanties «par écrit» sur l'usage qu'ils feraient de ces armes pour minimiser «les risques posés aux civils».

Armes interdites

Cette annonce intervient dans le cadre d'un nouveau paquet d'aide militaire à l'Ukraine d'un montant de 800 millions de dollars et qui porte le total de l'aide militaire américaine depuis le début de la guerre en février 2022 à plus de 41 milliards de dollars. Ce paquet inclut des véhicules blindés, des munitions d'artillerie, des armes anti-chars et autres équipements.

Les armes dites à sous-munitions dispersent ou libèrent des petites charges explosives conçues pour exploser avant l'impact, à l'impact ou après l'impact. Selon le type d'arme utilisé, le nombre de sous-munitions dispersées ou libérées peut aller de quelques dizaines à plus de 600.

Nombre de pays en ont interdit l'utilisation et la production dans le cadre de la Convention d'Oslo de 2008 dont ni les Etats-Unis ni l'Ukraine ne sont parties. M. Sullivan s'est longuement justifié sur cette décision, dénoncée par les ONG, arguant que «l'artillerie est au coeur de ce conflit» et que la Russie a recours à ce type d'armes depuis le début de la guerre.

Pas d'adhésion rapide à l'Otan

M. Sullivan a par ailleurs indiqué que l'Ukraine ne «rejoin(drait) pas l'Otan» à l'issue du sommet de Vilnius, prévu la semaine prochaine. Kiev «a encore de nombreuses étapes à franchir avant de pouvoir devenir membre» de l'Alliance atlantique, a-t-il précisé.

Cette question figurera au centre du sommet dans la capitale lituanienne où les dirigeants de l'Otan devraient réaffirmer leur intention d'intégrer à terme l'Ukraine dans l'Alliance. La formulation exacte de cet engagement, qui répond à de fortes attentes de Kiev, fait l'objet d'intenses tractations.

Zelensky en Turquie

Cette annonce est intervenue alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rencontré vendredi en début de soirée son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à Istanbul. Il s'agit de l'ultime étape d'une tournée internationale de M. Zelensky, qui vise à obtenir davantage d'armes occidentales et de soutien à son ambition de rejoindre l'Otan.

Les discussions de M. Zelensky avec le président turc, qui entretient des liens étroits à la fois avec Kiev et Moscou, devaient se concentrer sur l'accord permettant d'exporter des céréales ukrainiennes à travers la mer Noire malgré la guerre.

L'accord céréalier conclu en juillet 2022 avec le parrainage des Nations unies et de la Turquie expire le 17 juillet et la Russie a déclaré ne voir aucune raison de le prolonger. M. Zelensky a précisé dans un tweet que l'entretien porterait aussi sur «la reconstruction de l'Ukraine» et des «contrats de défense».

Le Kremlin a indiqué suivre «de très près» les discussions entre MM. Zelensky et Erdogan, promettant de maintenir un «partenariat constructif avec Ankara» et saluant le «rôle de médiateur» du président turc.

Manque d'unité

Plus tôt dans la journée, M. Zelensky avait fustigé à Bratislava l'absence d'unité au sein de l'Otan sur la question des adhésions de la Suède et de l'Ukraine, estimant qu'elle menace la sécurité mondiale.

«Je pense qu'il n'y a pas assez d'unité dans ce domaine. Et c'est une menace pour la force de l'Alliance (...) C'est très important pour la sécurité du monde entier», avait-il dit. La Russie compte sur «la faiblesse et la désunion de l'Alliance», avait-il souligné.

Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a organisé une rencontre entre les dirigeants turc et suédois dès lundi dans la capitale lituanienne.

Selon des experts, Volodymyr Zelensky devait encourager M. Erdogan à donner son feu vert à l'adhésion de la Suède à l'Alliance atlantique. Vendredi, le président turc a indiqué que son pays prendrait «la meilleure décision, quelle qu'elle soit», concernant l'adhésion de la Suède.

Le président turc, qui reproche à Stockholm sa mansuétude présumée envers des militants kurdes réfugiés sur son sol, s'est dit favorable à «la politique de la porte ouverte». Mais, a-t-il enchaîné, «comment un Etat qui ne prend pas ses distances avec les organisations terroristes peut-il contribuer à l'Otan?»

La Maison Blanche a par ailleurs dit s'attendre à une adhésion prochaine de la Suède à l'Otan. M. Sullivan a jugé possible que la Turquie et la Hongrie, qui bloquent pour le moment l'adhésion de Stockholm, changent leur position la semaine prochaine au sommet de l'Alliance, précisant que même si ce n'était pas le cas, Washington estimait «que cela arrivera(it) dans un proche avenir».