Grande-Bretagne Les excuses de Jeremy Corbyn

ATS

15.12.2019 - 14:00

A la tête du Parti travailliste depuis 2015, l'ancien militant syndical a été appelé à laisser sa place après cette débâcle.
A la tête du Parti travailliste depuis 2015, l'ancien militant syndical a été appelé à laisser sa place après cette débâcle.
Source: Keystone/EPA/FACUNDO ARRIZABALAGA

Le chef de l'opposition travailliste britannique, Jeremy Corbyn, a présenté ses excuses dimanche pour la défaite historique de son parti aux législatives face aux conservateurs de Boris Johnson. Mais cela ne semble pas apaiser les critiques dans les rangs du Labour.

A la tête du Parti travailliste depuis 2015, l'ancien militant syndical a été appelé à laisser sa place après cette débâcle. Il s'est vu reprocher sa ligne très à gauche, son incapacité à lutter contre l'antisémitisme de certains de ses membres ou encore son ambiguïté sur le sujet décisif du Brexit, qui en ont fait un repoussoir pour nombre d'électeurs.

Après avoir ouvert la porte à une succession d'ici les prochaines élections mais dit vouloir rester en poste dans l'immédiat, M. Corbyn s'est livré à un mea culpa. «Je suis désolé que nous n'ayons pas été à la hauteur et j'en prends la responsabilité», a-t-il déclaré dans une lettre ouverte publiée par le Sunday Mirror après le pire score de son parti depuis 1935 avec 203 députés sur 650 à la Chambre des communes, contre 262 auparavant.

L'opposition travailliste a été submergée par les conservateurs du premier ministre Boris Johnson, qui se voit ainsi crédité de la majorité nécessaire pour «réaliser le Brexit» au 31 janvier, son mantra de campagne. Les «tories» ont raflé 365 sièges (+48) à Westminster, grâce à la prise de circonscriptions ouvrières traumatisées par leur parti sous Margaret Thatcher et acquises depuis des décennies aux travaillistes, mais favorables à la sortie de l'Union européenne.

Jeremy Corbyn a assuré que son parti tirerait «les leçons de cette défaite». Il a promis notamment de mieux «écouter les électeurs traditionnels du Labour que nous avons perdus dans les communautés ouvrières» lors de ce «coup dur».

Siège éjectable

Le très à gauche chef des travaillistes, réélu pour la dixième fois dans sa circonscription londonienne d'Islington, avait cependant défendu la veille corps et âme un programme dont il s'est dit «fier». «Sur l'austérité, les inégalités, l'urgence climatique, nous avons gagné et dirigé le débat», avait-il jugé dans le Guardian. «Il n'y a pas de doute, nos propositions sont populaires. La question est plutôt 'Comment pouvons nous réussir dans le futur, là où nous avons échoué?'«.

Certains députés travaillistes jugent pourtant que la défaite tient à la personnalité de leur leader. «C'est indubitablement vrai», a accusé la députée Lisa Nandy dimanche sur la BBC. Pour beaucoup, Jeremy Corbyn a en effet payé sa position ambiguë sur la sortie de l'UE – prônant un nouveau référendum sans lui-même prendre position – et son manque présumé de fermeté face à l'antisémitisme au sein de sa formation.

Sur un siège éjectable depuis l'annonce des résultats, Jeremy Corbyn a promis de démissionner au début de l'année, après une période de «réflexion» de son parti. Sa défaite historique laisse le Labour face au choix de maintenir sa ligne gauchisante, ou revenir à la sociale-démocratie triomphante des années Tony Blair.

Le départ de Jeremy Corbyn ne signifie pas forcément un changement de cap. Il a en effet attiré dans les rangs du Parti travailliste un grand nombre de jeunes adhérents partisans d'une ligne très à gauche après près de dix ans d'austérité sous les gouvernements conservateurs successifs.

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